Soap
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En Soap
Danemark, 2006
De Pernille Fischer Christensen
Scénario : Kim Fupz Aakeson
Avec : Trine Dyrholm, Elsebeth Steentoft, Christian Tafdrup, Frank Thiel
Photo : Erik Molberg Hansen
Musique : Magnus Jarlbo
Durée : 1h44
Sortie : 28/05/2008
Charlotte, 34 ans, est propriétaire d’une florissante boutique de soins esthétiques. Alors que sa liaison avec Kristian la déçoit, elle décide de le quitter pour s’installer dans le premier appartement trouvé, et ceci au grand damm de son amant, qui ne comprend pas cette décision. L’appartement du dessous est occupé par Véronika, un transexuel dépressif en attente d’une réponse pour une opération de changement de sexe. Entre une histoire de lit, une tentative de suicide, du dog-sitting, de nouveaux rideaux, un passage à tabac, le tout soupoudré de soap opéra, les deux ne vont pas tarder à tomber amoureux l’un de l’autre pour se retrouver confrontés à la réalité de cette situation. Les choses se compliquant un peu plus alors que Véronika reçoit le feu vert pour son opération.
BULLE DE SAVON
Grand prix du jury et prix du meilleur premier film de la Berlinale 2006, Soap arrive enfin sur les écrans français. Le film est découpé en plusieurs épisodes, chacun précédé d’un résumé en noir et blanc des évènements passés, commentés par une voix-off. Le film reprenant ainsi la structure du soap opéra dont est tant friand Veronika. Un feuilleton témoin du choc permanent entre Charlotte et Veronika. En effet, la première vit dans son nouvel appartement mais au milieu des cartons, qu’elle ne semble jamais vouloir ranger, elle ne cuisine pas, se nourrisant exclusivement de pizzas, possède un franc-parler qui ne s’encombre pas de sentiments et consomme les hommes comme les kleenex, un petit tour et puis s’en va. Elle donne une impression très masculine et forte. Veronika, au contraire, vit dans un petit nid douillet, cuisine – tout du moins fait des tentatives en ce sens -, est un as de la machine à coudre, la douceur et la délicatesse incarnées et si les hommes défilent également c’est uniquement pour arrondir de difficiles fins de mois. Une femme masculine et un homme qui veut devenir une femme, les deux ne pouvaient être plus à l’opposé l’un de l’autre, et la réalisatrice danoise orchestre un choc des personnalités aux petits oignons sur fond de soap opéra.
Pernille Fischer Christensen voulait avec ce premier film donner vie à une histoire d’amour qui ne soit pas conventionnelle, un mélange des genres. Les couches de ce huis clos - l’action se déroule principalement entre les deux appartements des protagonistes - se forment une à une pour mieux s’annuler à la séquence suivante; toiles d’une histoire qui paraît plus simple qu’elle ne l’est en réalité. La réussite de son film doit beaucoup à ses deux acteurs. Trine Dyrholm, déjà vu dans In Your Hands, donne tout son charisme à Charlotte. Une femme avec du caractère mais qui a perdu le sens des priorités à donner à sa vie. David Dencik (Veronika) est une véritable star au Danemark et livre une impressionnante prestation. Il n’est pas un homme déguisé en femme mais bel et bien un homme désireux d’en devenir une et qui se sent déjà comme telle dans son corps et dans sa tête. Son personnage trouve refuge dans le soap opéra qui le fait rêver d’un amour plus grand que la vie. Un rêve qui s’achève toujours trop vite et le renvoit à un monde où il ne parvient pas à trouver sa place, entre une mère qui refuse ses choix et s’obstine à l’appeler Ulrik et Charlotte qui, au début de leur rencontre, ironise sur son apparence physique. Soap est un film à petit budget, ce qui a poussé la réalisatrice à réduire au minimum. Un minimum de protagonistes, de décors, une histoire en apparence simple mais qui se complique quand les sentiments entrent en jeu. Entre drame psychologique, légèreté et humour (mention spéciale au chien « Miss Daisy »), l’amour tisse des liens qui se font, se défont pour se refaire…ou pas. L’épisode final est à savourer sur grand écran.
