DVD: Snö

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Snö
Torka aldrig tårar utan handskar
Suède, 2012
De Simon Kaijser
Scénario : Jonas Gardell
Durée : 2h54

Note FilmDeCulte :

Dans les années 80 à Stockholm, la communauté gay commence à peine à vivre au grand jour qu’elle est frappée de plein fouet par le Sida. Un par un, les destins se brisent autour du bonheur fragile de l’amour de Rasmus et Benjamin...

KÄRLEKEN ÄR EVIG

A l’heure du new new queer cinema, où des films tels que La Vie d’Adèle ou L’Inconnu du lac traitent de thématiques LGBT sans être des films sur l’homosexualité, Snö est une sorte de flashback vers le new queer cinema qui s’est développé dans les années 90. Le new queer cinema, tel que l’a défini l’Américaine B. Ruby Rich, concerne toute une frange de la production cinématographique des années 90 (et au-delà) qui se concentre sur les identités LGBT, sur le fait d’être homo et d’être en marge de la société (à l’image des premiers films de Gregg Araki, Gus Van Sant ou Todd Haynes). Snö, produit par la SVT (la principale chaine de télévision suédoise), n’est pas un film de cinéma mais une série télévisée. Et cela change tout : contrairement aux films des réalisateurs sus-cités, dans lesquels des personnages en marge étaient les héros de films eux-mêmes marginaux, Snö a été diffusé à la télévision, à un large public, et ne semble pourtant jamais atteint par le syndrome Philadelphia du film lisse sur les homos pour les hétéros.

Film, série, le format compte finalement peu car il y a bien plus de cinéma et d’ambition cinématographique dans Snö que dans bien des films qui sortent en salles. Le réalisateur Simon Kaijser et son scénariste Jonas Gardell font le récit de l’apparition du Sida dans la Suède des années 80. Snö est une fresque en trois épisodes qui, contrairement à certaines fictions plus âpres sur le sujet, assume sa fonction de mélodrame aux personnages et situations émouvantes. La série fait assez finement le portrait de la clandestinité inhérente à l’homosexualité : l’apprentissage dans l’ombre, la solitude, et le tout sans pathos. Pendant une bonne partie de la série, on se passe d’antagonistes et la vie ne se résume pas à un affrontement entre homos et homophobes. Snö se glisse dans le quotidien nouveau de ses protagonistes comme le héros découvre le sous-sol d’un bar gay comme il entrerait dans la red room de Twin Peaks.

Il y a évidemment une dimension politique à raconter cette histoire de gosses qui, dans une société hétérocentrée, sont aussi seuls qu’un élan blanc errant dans la neige. Motif visuel récurrent de la série, la vie idéale ou son illusion sont souvent vues comme un simple reflet dans la vitre. Poignant, Snö ne se contente pas d’un reflet et embrasse longuement ses personnages. Cette superbe mini-série est désormais disponible en dvd en France.