Sleepless Night

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Sleepless Night
Jammot Deuneun
Corée du Sud, 2012
De Kun-Jae Jang
Scénario : Kun-Jae Jang
Durée : 1h05
Note FilmDeCulte : *****-
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La vie quotidienne d'un couple d'aujourd'hui.

NOUS DEUX

Déjà has been le cinéma coréen ? Passé le raz-de-marée des années 2000, la source se serait tarie ? Ce serait ignorer que de leur coté, les grands auteurs continuent à faire de grands films (de Hong Sang-Soo au mieux de sa forme à Kim Ki-Duk en mode come back et primé à Venise). Quant aux jeunes découvertes, elles sont bien là… à condition de pouvoir fouiller au-delà des sorties en salles : Bedevilled/Blood island sorti directement en dvd, ou The King of Pigs qui n’a pas l’air de prendre le chemin de nos écrans. Or, n’y allons pas par quatre chemins, Sleepless Night est l’une des plus brillantes révélations du cinéma coréen contemporain. Une réussite d’autant plus éclatante que ce deuxième long-métrage ne ressemble en rien… aux autres films coréens.

Aux antipodes des récits ultra-carrés et de la violence qui caractérisent un peu trop souvent le cinéma coréen chez nous, Jang Kun-Jae (lire notre entretien) réalise avec Sleepless Night un film à la fois sensuel et théorique. Soit la vie d’un couple entre deux âges, ni parents ni jeunes débutants, observée à travers quelques séquences piochées à divers moments de leur quotidien. Plutôt que prendre des scènes attendues de la vie conjugale (un mariage, un enfant, des beaux parents…), Jang Kun-Jae scrute les moments « entre-deux ». Des moments où le couple se construit dans des détails, dans une soirée télé cosy, dans le blanc entre deux conversations ou dans une promenade nocturne. Un tel découpage arbitraire peut se révéler une fausse bonne idée, mais Sleepless Night n’est pas qu'un simple exercice théorique. Jang Kun-Jae n’observe pas ses personnages de loin, enfermés dans un scénario-concept comme des insectes dans une boite d’allumette. Il y a au contraire une générosité et une bienveillance dans ce regard qui les enveloppe. C'est justement cette sérénité qui rend le film aussi réaliste et émouvant, aussi vivant.

Autre surprise, quand la violence déboule dans le récit (qu'elle soit insidieuse ou plus flagrante), c’est comme si elle était détachée du réel, comme un songe ou comme un reflet fantasmé de l’évolution possible de ce couple. Mine de rien, par touches déroutantes mais fascinantes, Sleepless Night évolue hors du strict cadre de l'hyper réalisme. C’est justement dans sa manière de regarder le tout petit pour comprendre l'immensément grand que Jang Kun-Jae trouve sa affiliation avec une famille de cinéastes asiatiques : non pas ses compatriotes coréens mais les plus prometteurs des jeunes cinéastes thaïlandais. Sans qu'il aborde le terrain fantastique à la Weerasethakul (qui de toute façon ne résume pas le cinéma thaïlandais à lui tout seul), il y a dans Sleepless Night une manière de de s’attacher aux détails, de montrer la perméabilité des Hommes à leur environnement, une manière enthousiasmante de combiner concept narratif et émotion qu’on ne retrouve presque nulle part ailleurs qu'en Thaïlande. Tout comme P-047 ou 36 (deux autres révélations récentes qu’on espère voir bientôt distribuées chez nous) Sleepless Night fait mine de découper ses récits en petits bouts théoriques pour les rendre au contraire plus humains que bien d'autres films. Un tour de magie bouleversant.

par Gregory Coutaut

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