Sin Nombre
Mexique, 2009
De Cary Fukunaga
Scénario : Cary Fukunaga
Avec : Kristian Ferrer, Edgar Flores, Paulina Gaitan, Tenoch Huerta, Gerardo Taracena
Photo : Adriano Goldman
Musique : Marcelo Zarvos
Durée : 1h36
Sortie : 21/10/2009
Après une longue séparation, Sayra, une jeune hondurienne, retrouve son père qui lui propose d'émigrer avec lui aux Etats-Unis où il a refait sa vie. Une nuit, ils embarquent avec son oncle et d’autres émigrants à bord d’un train de marchandises américain. C'est au cours de ce voyage que Sayra va rencontrer Casper, un jeune mexicain qui fuit sa ville et la Mara, le gang auquel il appartient mais qu'il vient de trahir...
La Mara au diable
Premier film très documenté, Sin Nombre de Cary Fukunaga s'empare avec un certain brio visuel d'un sujet d'actualité, l'immigration clandestine des Latinos aux Etats-Unis. Plutôt que de nous offrir le récit d'une énième traversée de la frontière mexicaine ou de la difficile adaptation à la vie américaine, le jeune cinéaste choisit un angle inhabituel en suivant le voyage tourmenté des immigrés clandestins en terre inhospitalière et surtout en mettant en scène la terrifiante Mara, véritable mafia qui règne dans les bas-quartiers des villes d'Amérique centrale. Le scénario emprunte ses grandes lignes à la tragédie grecque et au western, notamment avec le personnage de Casper. Jeune frappe qui devra tuer le "père" pour s'offrir une nouvelle vie, mais dont la tête est mise à prix après le meurtre du parrain local, l’anti-héros de Sin Nombre insuffle une profonde mélancolie au récit, damné qui marche vers une mort cruelle et certaine. Avec pudeur et un vrai sens de la distance, Cary Fukunaga évite certains clichés du genre, même si l’ensemble paraît parfois corseté par ses ambitions et son discours, notamment lors qu’il suit les immigrés clandestins. Prix de la mise en scène au Festival de Sundance, produit notamment par Gael Garcia Bernal et Diego Luna, Sin Nombre ne possède peut-être pas la maitrise d’Amours chiennes, le premier film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, auquel on pense forcément, mais marque la naissance d’un cinéaste prometteur, qui saisit magnifiquement sur les visages la gravité du passage à l’âge adulte.