Silvio et les autres

Silvio et les autres
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Silvio et les autres
Loro
Italie, 2018
De Paolo Sorrentino
Scénario : Paolo Sorrentino
Avec : Toni Servillo
Durée : 2h38
Sortie : 31/10/2018
Note FilmDeCulte : **----
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Il a habité nos imaginaires par la puissance de son empire médiatique, son ascension fulgurante et sa capacité à survivre aux revers politiques et aux déboires judiciaires. Il a incarné pendant vingt ans le laboratoire de l’Europe et le triomphe absolu du modèle libéral après la chute du communisme. Entre déclin et intimité impossible, Silvio Berlusconi incarne une époque qui se cherche, désespérée d’être vide.

ITALIA HISTORY X

Réalisateur à la filmographie inégale où le sublime - La Grande Bellezza, Il Divo - côtoie le grotesque - This Must Be A Place, Youth -, Paolo Sorrentino ne pouvait que croiser la route de Silvio Berlusconi, Cavalier si souvent remis en selle, figure "monstrueuse", trou noir d'indécence qui a avalé toutes les valeurs de la morale politique - et l'Italie ne s'en est jamais remise. Bref, un sacré morceau à avaler mais Paolo Sorrentino s'est déjà frotté à la figure de Giulio Andreotti avant d'imaginer un Young Pope corrompu jusqu'à la moelle. La fresque est ambitieuse. En Italie, l'oeuvre a fait l'objet de deux films de deux heures qui a été plutôt bien accueilli par la critique et le public. Dire que la version internationale allégée souffre de son montage est un euphémisme.

Castré de presque une heure et demie, Silvio et les autres possède une construction bancale - la première heure introduit un personnage principal que l'on va totalement zapper pendant l'heure suivante quand d'autres apparaissent et disparaissent au fil du récit. Et puis, malgré une dernière partie qui met en lumière les mensonges de l'homme politique qui laisse métaphoriquement l'Italie en ruines, on ne peut s'empêcher de trouver en Silvio et les autres une forme d'absolution des "crimes" du vieux mâle Berlusconi, plus pépère que pervers. Faut-il filmer avec vulgarité le vulgaire ? Montrer à l'écran autant de poitrines et de fesses féminines mais jamais de sexe d'homme, comme si la pudeur était quelque chose que l'on devait réserver à ces messieurs ? Toute l'ambiguïté du regard de Paolo Sorrentino est là, dans cette revendication d'une certaine virilité masculine dans un monde de cinéma où les hommes sont des marchands de bonheur et d'illusions, où les femmes sont soit des vierges, soit des putes.

par Yannick Vély

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