Le Silence de Lorna

Le Silence de Lorna
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Silence de Lorna (Le)
Belgique, 2008
De Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Avec : Arta Dobroshi
Durée : 1h46
Note FilmDeCulte : *****-
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Pour devenir propriétaire d’un snack avec son amoureux Sokol, Lorna, jeune femme albanaise vivant en Belgique, est devenue la complice de la machination de Fabio, un homme du milieu. Fabio lui a organisé un faux mariage avec Claudy pour qu’elle obtienne la nationalité belge et épouse ensuite un mafieux russe prêt à payer beaucoup pour devenir belge. Pour que ce deuxième mariage se fasse rapidement, Fabio a prévu de tuer Claudy. Lorna gardera-t-elle le silence ?

Fable noire

Chaque année, c'est la même litanie. Le dernier film des frères Dardenne est sélectionné pour la compétition du Festival de Cannes et l'on traîne les pieds, par avance, à l'idée de découvrir le nouveau long-métrage des deux Belges, déjà double Palmés d'or pour Rosetta en 1999 et L'Enfant en 2005. Chaque année, c'est le même constat. Jean-Pierre et Luc Dardenne sont dignes des lauriers obtenus, à une large coudée au-dessus de la quasi-intégralité des autres réalisateurs présents. Le Silence de Lorne n'échappe pas à la règle. Thriller social haletant à l'interprétation sublime, le nouveau long-métrage écrase facilement la concurrence avec la simplicité des grands maîtres. A l'instar de Ken Loach (Le Vent se lève, It's a Free World) dont chaque film est une démonstration d'efficacité dramatique, les frères Dardenne réussissent à nous captiver dès le premier souffle, l'impression de déjà-vu s'effaçant, comme par enchantement, dès la première bobine.

Variation en clair-obscur

Pour Le Silence de Lorna, les enfants terribles du cinéma belge ont changé de style. Fini ou presque, l'usage d'une caméra portée à l'épaule qui colle comme un chewing-gum aux affects de ses personnages principaux, place à une mise en scène plus classique, moins identifiable mais tout aussi convaincante. Le propos, lui, n'a pas changé et reste toujours aussi politique et social. Coïncidence du calendrier, Le Silence de Lorna sort une semaine avant que Comme les autres, comédie de moeurs française au point de départ quasi-similaire avec un mariage blanc pour obtenir des papiers d'identité. Sauf qu'ici, il n'est pas question de plaisanter avec ce petit trafic aux marges de la société. Lorna et Claudy sont deux brebis égarés dans l'Europe capitaliste qui n'ont d'autres choix d'accepter de vendre leur âme au diable, la jeune femme pour enfin construire un avenir avec l'homme qu'elle aime, le jeune homme pour payer sa dope.

Femme fatale

Avec une rare économie de moyens, les frères Dardenne dressent le portrait psychologique d'une femme qui prend peu à peu conscience de l'horreur qu'elle va commettre, petit chaperon rouge perdu dans la jungle libérale. Tout se vend aujourd'hui, nous expliquent les réalisateurs, les sentiments comme les nationalités. Ils jouent avec les ruptures de ton pour mieux nous étrangler d'émotion. Le ciel bleu un temps convoité par Lorna se charge vite de grosses nuages noirs et elle n'a d'autres choix qu'une fuite hypothétique à la lisière du fantastique. Magnifiquement mis en scène, sublimement écrit, le film donne aussi un rôle en or à une jeune actrice kosovar, Arta Dobroshi qui aurait bien mérité le prix d'interprétation à Cannes. Les Dardenne, eux, sont repartis avec le prix du scénario, récompense a minima pour ce très beau Silence de Lorna, que tous aimeraient obtenir...

par Yannick Vély

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