Festival de Gérardmer: The Signal
Nic et Jonah sont deux étudiants de première année du MIT, l’un comme l’autre passionnés de piratage. Lors de leur traversée du sud-ouest des États-Unis en compagnie d’Haley, la petite-amie de Nic, un génie de l’informatique réussit à les attirer dans une zone étrangement isolée… [Brutal fondu au noir.] Lorsque Nic reprend connaissance, il doit s’engager, seul et déboussolé, dans une lutte contre des forces qui semblent désormais le dépasser…
IL SUFFIRA D'UN SIGNE
Depuis son Space time – l’ultime odysée en 2011 qui avait créé un minibuzz, on était sans nouvelles de William Eubank ou d'un nouveau film en tant que réalisateur. Comme son nom est ressorti en temps que chef opérateur sur le Crave de Charles de Lauzirika et sur House of the Rising Sun de Brian A. Miller, on s’était fait à l’idée que le bonhomme prenait son temps pour développer un nouveau projet en tant que réalisateur. Et soudain, sorti de nulle part, débarque ce The Signal, un film à ranger dans le genre thriller d’anticipation, dont quasiment personne n’avait entendu parler ni vu venir. Et à la sortie de la projection on ne peut qu’être certain d’une chose : pour son deuxième long, Eubank n’a pas voulu jouer la carte de la facilité ni de la simplicité. Accroché à son script qui parait très linéaire (on se doute pourtant très vite qu’il ne le sera pas) fait de mystères, d’interrogatoires, de scientifiques louches en combinaison anti-radiations et d’un bunker labyrinthique, Eubank prend son temps (un peu trop ?) et fait avancer tranquillement son affaire. Lors du troisième acte, les choses se réveillent enfin.
Avant cela, on assiste pendant une bonne heure à un espèce de jeu du chat et de la souris ou les héros s’échappent, se font rattraper, se font interroger, s’échappent de nouveau, se refont capturer, se font réinterroger, etc., pour enfin arriver, au bout de deux tiers de métrage, à quelque chose de plus concret et surtout de plus percutant. Pourtant il y a quelque chose de déroutant et de presque hypnotisant dans cette première heure qui nous fait tenir le coup. Soudain, l’ensemble prend enfin forme et sens. Sans vouloir déflorer la fin de l’intrigue, on dira juste qu’avec cette conclusion Eubank s’offre une belle carte de visite pour prendre place dans le futur poule de réalisateurs qui peuvent être optionnés si l’adaptation d’Akira voit le jour. Attention cependant, The Signal n’est pas un film de super-héros, ni une nouvelle variation sur des mutants à pouvoirs. Plutôt un film à la croisée des chemins entre THX 1138, Daft Punk’s Electroma et The Island, où l’on pourra aussi trouver un certain lien avec l’univers sensitif de Neill Blomkamp (District 9, Elysium) même si moins démonstratif. En tout cas, vous l’aurez compris, avec un script un peu mieux rythmé, Eubank aurait pu signer une œuvre vraiment pénétrante et qui aurait pu créer à son tour un nouveau buzz. En l’état, The Signal, malgré un 3e acte qui remplit parfaitement ses fonctions, reste un produit poli et, osons le mot, un peu chiant. Gageons que pour son troisième long le jeune réalisateur arrive enfin à s’attacher les services d’un script qui tienne la route de A à Z. On pourrait ainsi pleinement profiter de son talent !