Sideways

Sideways
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Sideways
États-Unis, 2004
De Alexander Payne
Scénario : Alexander Payne, Jim Taylor
Avec : Paul Giamatti, Thomas Haden Church, Virginia Madsen, Sandra Oh
Durée : 2h03
Sortie : 09/02/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Miles et Jack, deux amis avoisinant la quarantaine, décident de faire ensemble la route des vins en Californie. Le chemin de leur spleen existentiel va croiser celui de Maya et de Stephanie, entre quelques verres d’alcool.

I SMELL LIKE WINE, MOST OF THE TIME

La peine est-elle soluble dans les litrons de vinasse? Les routards de Sideways ont beau courir les crus les plus nobles, leur existence a bel et bien le goût madérisé d’une vulgaire piquette. Miles, professeur de littérature, frais divorcé, se rêve écrivain, mais l’œuvre de sa vie n’excite aucun éditeur. Jack, voix-off pour des publicités, futur marié, noie ses angoisses sentimentales dans quelques aventures sexuelles. L’œnologie comme étude des cœurs éméchés, dans un road movie qui fait suite à un autre. Dans Monsieur Schmidt, Alexander Payne suivait le trajet crépusculaire d’un vieux patriarche avalant les kilomètres, regard acerbe dans le rétroviseur, avec, au bout, quelques lueurs improbables venues d’orphelins africains, en attendant des réconciliations familiales. Sideways réduit l’échelle, revient quelques années en arrière, troque le demi-jour d’une vie contre son tournant: quarantaine et heure des bilans. Amers d’avoir trop espéré, les personnages pâles comme du lait cherchent ici un apaisement dans le rouge du vin, dans les lumières cachées des chemins de traverse.

TOO DRUNK TO FUCK

Dans sa balade folk et dépressive, Payne fait preuve d’un talent caustique qui ne se dément plus, dispersant sur le parcours de ses losers magnifiques quelques gags navrés où même les voitures envoyées volontairement dans les décors refusent toute idée de suicide. Comme Miles qui, citant Ernest Hemingway, Virginia Woolf ou Sylvia Platt, n’a même pas le luxe de se supprimer en laissant derrière lui une grande œuvre immortelle. La déprime montre sa patte gauche, noiraude mais un peu grotesque, humaine et maladroite jusqu’au bout des larmes. Le regard généreux de Payne illumine un script trempé dans une marmite d’humanité, ménageant des arrêts presque irréels, un déjeuner sur l’herbe vespéral et sécurisant, ou un épilogue ouvert, comme un gant froid sur un front fiévreux. La mise en scène discrète suit alors la subtilité des échanges, jouit de l’excellence d’un cast au sommet duquel figure l’indispensable Paul Giamatti, artiste Droopy, clown triste, et utopiste dans la lune qui s’élève grâce au sombre tracé de sa plume ou au parfum capiteux des vapeurs d’alcool. Cette cuvée-là a tout du premier choix.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Quelques liens :

Partenaires