Sicko
États-Unis, 2007
De Michael Moore
Scénario : Michael Moore
Avec : Michael Moore
Durée : 1h00
Sortie : 05/09/2007
Le système de santé américain est en plein marasme. Car non seulement 47 millions de citoyens n'ont aucune couverture médicale, mais des millions d'autres, pourtant bénéficiaires d'une mutuelle, se heurtent systématiquement aux lourdeurs administratives du système. Au terme d'une enquête sans concession sur le système de santé dans son propre pays, Michael Moore nous offre un tour d'horizon des dispositifs existants au Canada, en Grande-Bretagne et en France, où les citoyens sont soignés gratuitement.
CARTE VITALE
Michael Moore reprend le combat au cinéma. Le poil à gratter éternel du cinéma américain et ennemi médiatique public numéro 1 de l’administration Bush depuis Fahrenheit 9/11 s’attaque cette fois aux dérives du système de santé américain. Sicko est en effet centré sur les ravages causés aux tiers par le système d’assurance mis en place aux Etats-Unis. Le début de ce nouveau documentaire enragé est à ce titre exemplaire. Michael Moore montre l’inhumanité des pratiques en vigueur. Les assureurs, soucieux de la rentabilité, cherchent le moindre détail médical pour ne pas rembourser les frais engagés par les patients américains. De cela découle une absurdité absolue: la mise en faillite des personnes incapables de payer a posteriori les opérations médicales. Toujours aussi fort en gueule même s’il est moins présent à l’écran dans la première partie du métrage que dans ses précédents films, Michael Moore joue de l’ironie pour mieux démontrer l’horreur capitaliste. Les exemples sont édifiants, certes, mais certains témoignages font véritablement froid dans le dos, surtout quand ils sont rapportés par les assureurs en question et non des victimes du système.
MOORE ULTIMATUM
Sicko est beaucoup moins pertinent dans sa seconde partie. Pour mieux illustrer l’iniquité libérale de son pays, Michael Moore promène ses guêtres en Europe, notamment en Angleterre et en France. Si prendre pour exemple Paris et une famille de bobos a de quoi faire sourire le spectateur lambda, la description angélique de notre système de santé est plus gênante. Sur le fond, bien sûr, impossible de ne pas être en accord avec l’homme de Flint et de fustiger les radicales méthodes américaines, mais à trop enfoncer les portes ouvertes et surtout négliger les défauts, il fausse la perception sur l’ensemble de sa réflexion. Les détracteurs de son travail seront ravis de l’aubaine… L’épisode final, à Cuba, met tout aussi mal à l’aise. Emmener des anciens pompiers du 11 septembre laissés pour compte par le système de santé américain à Guantanamo, prison regroupant les ‘terroristes’, témoigne d’une certaine audace frondeuse et salutaire. Les faire soigner ensuite dans un hôpital local est d’une hypocrisie sans borne. Comment peut-il ignorer son instrumentalisation par la dictature de Fidel Castro, ravie d’une telle aubaine médiatique? Gageons qu'il revienne à des considérations moins idéologiques dans ses prochains travaux.