Shortbus

Shortbus
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Shortbus
États-Unis, 2006
De John Cameron Mitchell
Scénario : John Cameron Mitchell
Avec : Raphaël Barker, Lindsay Beamish, Jay Brannan, Paul Dawson, Sook-Yin Lee, Peter Stickles
Durée : 1h42
Sortie : 08/11/2006
Note FilmDeCulte : *****-

Quelques New-yorkais un peu perdus sentimentalement et sexuellement se croisent et se retrouvent au Shortbus, lieu hors normes et havre ouvert à toutes les libertés.

SEX IS COMEDY

Mal baisés ou mal assortis, seul en couple ou amant par procuration, frigide et/ou dépressive, fragile dominatrix ou blessée revancharde; rayez la mention inutile. Les portes du Shortbus vous sont ouvertes, un Shortbus qui doit son nom au bus scolaire réservé aux éclopés, gamins handicapés ou assez surdoués pour nécessiter une attention toute particulière, satellite bringuebalant du vrai bus lambda, jaune, rutilant, et solidement posé sur ses quatre roues. Pour John Cameron Mitchell, auteur il y a quatre ans de Hedwig and the Angry Inch, le Shortbus est un barnum fellinien, réminiscence libertaire des 60’s mais débarrassée de tout espoir, flore fanée du flower power sur laquelle ses antihéros sont invités à danser comme sur des cendres encore chaudes. Sujet de tous les émois: le sexe dans toutes ses positions, partouzard ou auto-fellation, boulet traumatique ou nuageux échec de personnages à vif, placés au cœur d’un récit où Mitchell privilégie la fanfare à la torture, choisissant de parler de cul sans dolorisme mais avec autant de liberté que d’humour, en habit poli de la plus sourde mélancolie.

CONFIDE IN ME

Enfermé dans un placard ou dans un sauna exigu, l’heure est aux confessions murmurées et au déchargement émotionnel, mise à nu de toutes les cicatrices et dédramatisation du sexe, dans une approche "caouettisante" du journal intime (l’un des protagonistes semble même servir de clin d’œil). John Cameron Mitchell parle le langage d’une même générosité, abreuvant Shortbus en chair humaine extrêmement attachante, même si l’aspect parfois mécanique de sa caractérisation et ses refrains You are beautiful, in every single way peuvent ôter à la démarche un rien de sa spontanéité. Juste un doute, avant qu’un polaroïd pris par surprise, une giclée de sperme sur une toile de Pollock ou un orgasme onirique sur un banc ne viennent imprimer ce fragile équilibre qui fait le nœud du film, la quête d’une insaisissable volupté, sans fard, sondant la peau mystérieuse, absurde lorsqu’elle cherche le contenu d’un sac à main dans le caniveau ou frappée par une certaine grâce que Mitchell décore d’un sens musical assuré, dans un New York qui perd de son froid gigantisme pour gagner en branlant carton pâte. Puis, enfin, le bus pourra l’annoncer, cœur apaisé: next stop, Wonderland.

par Nicolas Bardot

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