Sheitan
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France, 2006
De Kim Chapiron
Scénario : Christian Chapiron, Kim Chapiron
Avec : Olivier Barthélemy, Leïla Bekhti, Vincent Cassel, Nico Le Phat Tan, Ladj Ly, Roxane Mesquida
Durée : 1h35
Sortie : 01/02/2006
Une bande de jeunes gredins bougent leur corps en boîte le soir de Noël. L'un d'entre eux se fait chauffer par une jeune sauvageonne qui n'a pas froid aux yeux. Elle leur propose de les emmener dans la maison de campagne délabrée de ses parents, où ils rencontrent un garde-chasse taré et la faune bigarrée du coin.
T'AS TON SHEITAN'S?
On était en droit de craindre le pire devant la promo maousse qui a précédé la sortie. Il fallait du courage ou de l'inconscience pour vendre un long métrage trash et cradingue comme un gros film et les premières images n'étaient pas faites pour rassurer. Le collectif Kourtrajmé, emmené par Chapiron, Romain Gavras et Vincent Cassel, s'est spécialisé dans la production amateur, légère, bancale mais pêchue. Pour son premier long, Kim Chapiron a donc décidé de prendre son barda transgressif et d'en faire une énorme farce hardcore. Pari loin d'être gagné, mais avec Sheitan, il parvient à surprendre en maîtrisant presque de bout en bout sa première vraie production pro tout en lui injectant l'énergie de ses premières œuvres. Avec ses comédiens (non professionnels pour la plupart, déjà entraperçus chez Kourtrajmé), le réalisateur raconte son histoire avec l'art de la surenchère contrôlée et de la multiple référence à la seconde. Mieux encore, il refuse le policé, l'image lisse, malgré une photo très réussie, pour donner à voir et à nausée dans tout ce que le cinéma vraiment trash peut offrir. Maître de ses effets et de son malaise, la pilule passe grâce à un humour gonflé et un esprit bon enfant communiqué par l'ensemble du cast qui se donne à fond.
C'EST L'DIABLE
Mélangeant savamment l'amoralité de Dobermann, le grain grossier de Calvaire ou de Massacre à la tronçonneuse (et sa famille de bouseux), Sheitan assume son aspect gratuit. Et c'est d'ailleurs la limite et le défaut de ses qualités. Car le film n'est finalement que ça et pratiquement rien de plus. Le scénario ne sert que de prétexte et s'embourbe dans les références à deux centimes d'euro (le personnage de Cassel s'appelle Joseph, le soir de Noël) et peut crisper par ses situations et son jeu parfois à la limite d'être trop lourd. Il faudra chercher l'intérêt du film ailleurs, notamment dans ses personnages jouant sur la corde sensible de la caricature pour mieux la contourner. Le casting est lui aussi trois étoiles, entre les gueules improbables des autochtones (Vincent Cassel cabotinant joyeusement avec son rictus démoniaque toutes dents dehors et voix hallucinée), et la bande de jeunes (si l'on excepte Roxane Mesquida) s'investissant avec naturel dans leurs rôles de racailles frappées. Pour finir, on se retrouve avec une presque série Z grand luxe déconseillée aux âmes sensibles et aux femmes enceintes, un trip de crado régressif réjouissant, à prendre par le bon bout de la déconne et ne pas oublier que tout cela n'est qu'un jeu. La France vient de se doter de son film d'horreur 70's-style.
