Sexe, mensonges et élections
Weiner
États-Unis, 2016
De Josh Kriegman, Elyse Steinberg
Scénario : Josh Kriegman, Elyse Steinberg
Photo : Josh Kriegman
Musique : Jeff Beal
Durée : 1h36
Avec un accès sans restriction à la campagne d'Anthony Weiner pour devenir maire de New York, le film révèle l'histoire humaine dans les coulisses d'un scandale politique de grande envergure, et offre un regard non censuré sur la manière dont la politique est aujourd'hui dirigée par une envie de spectacle.
LE PHALLOCRATE
Aussi horrible que cela puisse être à dire compte tenu des conséquences réelles que cela implique pour les personnes concernées, ce documentaire, primé à Sundance et pressenti pour être nommé aux prochains Oscars mais diffusé directement sur Arte en France, est de ceux dont les réalisateurs ont eu la "chance" de trouver leur véritable sujet suite à un incident survenu en cours de tournage. Plus jeune député élu à New York et après 10 ans passés au Congrès, le malencontreusement nommé Anthony Weiner - terme argotique désignant le pénis - dut démissionner en 2011 après que des photos de sexe furent publiées sur Twitter par mégarde. Initialement, ce projet suivait la tentative de rédemption du politicien lors d'une courageuse campagne inattendue pour la mairie de New York. Mais les failles du bonhomme allaient vite le rattraper... Comme un accident de la route que l'on verrait se dérouler au ralenti, Sexe, mensonges et élections est proprement fascinant à regarder pour la densité thématique dont il fait preuve. En plus d'épingler le vice des médias, trop ravis de pouvoir accumuler les gros titres sulfureux pour s'intéresser au programme pourtant bénéfique du candidat de gauche, le film peint le portrait de la pathologie, tant sexuelle que médiatique, d'un homme, dans toute sa complexité, tout en créant une figure tragique en la personne de Huma Abedin, l'épouse de Weiner de plus en plus accablée par la tournure des événements et l'incongruité de la présence d'une équipe de tournage alors même que sa vie personnelle et publique est en train de s'effondrer. Plus malaisant dans sa tristesse qu'un schadenfreude racoleur, ce documentaire mérite tous les louanges dont il est précédé.