(S)ex List
What's Your Number
États-Unis, 2011
De Mark Mylod
Scénario : Gabrielle Allan, Jennifer Crittenden
Avec : Chris Evans, Anna Faris
Photo : J. Michael Muro
Musique : Aaron Zigman
Durée : 1h46
Sortie : 05/10/2011
Ally voit sa vie toute chamboulée lorsqu’elle apprend via un article de presse que les femmes ayant eu plus de 20 partenaires sexuels ont toutes les chances de rester célibataire toute leur vie. Après avoir listé l’ensemble de ses Ex, Ally commence à perdre l’espoir de se marier un jour… Elle fait le serment de ne pas dépasser “son chiffre” (19), et sollicite l’aide de son voisin pour retrouver l’Ex de sa vie…
TOUS LES HOMMES DE TA VIE
Arrêtons-nous déjà un instant sur la splendide traduction française de ce What's Your Number? devenu dans la tongue de Molière (S)ex List, auquel il ne manque plus qu'une tagline envoie LOVE au 3637 pour sa glorieuse sortie. Derrière ce titre peu finaud se cache une comédie potache qui ne vise pas spécialement plus haut, et dont le minimum syndical est assuré par le jeu clownesque de Anna Faris, qui décline une nouvelle fois sa performance géniale de slapstick survitaminé dans Smiley Face de Gregg Araki. Un petit goût de déjà-vu qui rappelle un peu la façon dont Cameron Diaz a été utilisée cet été dans la comédie Bad Teacher: Diaz employée pour jouer Diaz, Faris pour jouer Faris, c'est peut-être tout simplement parce qu'elles le font très bien. Il y a malheureusement un autre point commun entre ces deux films. Au lieu de faire pleinement confiance à son personnage principal, d'avoir l'humilité du long métrage purement inconséquent mais assumé comme tel, (S)ex List se prend les pieds dans un dernier tiers façon conte de princesse qui n'a aucune raison d'être au cœur de cette petite pochade pop. Le personnage (peut-on parler de personnage) interprété par Chris Evans n'est qu'un gode qui parle, un jouet qui se déshabille, qui joue de la guitare, qui minaude en permanence la surcoolitude, qui a des abdos même en se goinfrant de junk food, un équivalent masculin de la potiche lippue à gros seins qui dit oui, rappelant le personnage masculin (déjà atrocement écrit) de Burlesque, autre idéal mâle réduit à un vibro parlant. Peut-on, dans ces conditions, se passionner pour un enjeu scénaristique qui implique un personnage et un gode? Difficile.
Difficile également de ne pas soupirer devant cette célébration du bonheur ultime, celui qui fait prendre conscience des vraies choses de la vie, que représente le mariage à fontaines de dollars où l'on danse ivre de bonheur sur du Jimmy Cliff. Ou encore devant la pirouette finale bien vieillotte, oui, un mec qui s'est tapé 300 filles est un dieu, une fille qui se tape 20 mecs est une salope, écueil que le film avait évité auparavant. (S)ex List réussit pourtant, dans un premier temps, à être gentiment plaisant, grâce à son actrice, son concept plutôt ludique (même si mollement exploité) et son dynamisme. Dommage que tout le monde semble avoir regardé sa montre aux deux tiers du parcours pour se dire que, décidément, les choses devaient devenir un peu plus sérieuses...