Seuls Two
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France, 2008
De Ramzy Bédia, Eric Judor
Scénario : Ramzy Bédia, Lionel Dutemple, Eric Judor, Philippe Lefebvre
Avec : Ramzy Bédia, Eric Judor, Benoît Magimel, Kristin Scott Thomas
Photo : Philippe Piffeteau
Durée : 1h34
Sortie : 25/06/2008
Gervais, policier à Paris, maladroit et entêté, est la risée de son commissariat. Depuis des années, il file sans relâche un esthète de la cambriole, drôle et narquois, Curtis qui, chaque fois, lui échappe et le ridiculise. Un beau matin, après une course poursuite manquée, Gervais se réveille dans une capitale vidée de tous ses habitants. Tous ? Pas tout à fait. Un second individu fonce dans les rues désertes au volant d'une Formule 1 : Curtis !
LA PLANETE DES SINGERIES
Si les premières minutes du film font un peu peur, rappelant davantage le calamiteux La Tour Montparnasse infernale que l’original Steak, Seuls Two s’avère par la suite une véritable réussite, située quelque part entre ces deux films. On retrouve notamment dans ce Tom & Jerry (ou Bip Bip & Coyote) live l’esprit cartoon qu’affectionne tant le duo comique, dépassant le stade des simples références (un déguisement cocasse ici, une course poursuite là, ou encore une caisse Acme) pour en assimiler les règles (tout est possible). Cependant, le monde que nous présentent Eric et Ramzy avant même la disparition de ses habitants semble déjà s’éloigner du réel (cf. le passage en banlieue avec en partie « l’homme aux questions ») et témoigne de l’humour caractéristique des deux bonhommes, mieux digéré dans la création d’un univers décalé. Une leçon apprise sur le tournage du film de Quentin Dupieux peut-être ? Ainsi nos deux protagonistes se retrouvent-ils seuls dans un Paris déserté qui devient alors le terrain de jeux et de toutes les possibilités où, non contents d’offrir un spectacle jusqu’alors réservé aux blockbusters américains (on pense évidemment à Je suis une légende), les auteurs s’octroient le luxe d’en exploiter le potentiel comme rarement dans le cinéma de genre et/ou la comédie française. Le couple de comédiens cite Un jour sans fin comme exemple de comédies fantasmagoriques qui les ont inspirés et, à l’instar du film d’Harold Ramis, celui d’Eric & Ramzy s’amuse à manifester les personnalités de ses deux héros au travers de la manière dont ils font face à leur situation. Et lorsque peu à peu une logique s’émane de cet univers, force est de constater que la paire maîtrise son concept. Forcément inégal, le film souffre quelque peu de ses ruptures de rythme (apparemment délibérées) mais ne manque pas d’humour, se permettant même quelques blagues racistes rafraîchissantes dans un panorama cinématographique si politiquement correct. Pour leur première réalisation (assez soignée soit dit en passant), le tandem signe probablement son meilleur film, du moins son plus abouti, n’enviant en rien l’inventivité de Steak, jusqu’alors leur essai le plus convaincant.
