Seigneurs de la mer (Les)
Sharkwater
Canada, 2006
De Rob Stewart
Scénario : Rob Stewart
Avec : Rob Stewart, Paul Watson
Photo : Dadiv Hanna, Rob Stewart
Musique : Jeff Rona
Durée : 1h30
Sortie : 09/04/2008
Depuis l'enfance, Rob Stewart se passionne pour les requins. À tel point qu'il est devenu biologiste et photographe sous-marin afin de pouvoir nager avec eux, décrypter leur mystère et déconstruire le mythe du requin mangeur d'hommes. Ce mythe, entièrement fabriqué, serait selon lui responsable de l'indifférence qui entoure, un peu partout dans le monde, le massacre de la population de requins à des fins commerciales. Du Costa-Rica aux Îles Galapagos en passant par le Guatemala, Stewart et l'équipage de l'activiste des mers Paul Watson tentent de dénoncer et de mettre en échec les braconniers à la solde de mafias asiatiques soutenues par des gouvernements corrompus. Il y va de l'équilibre écologique de la planète.
L'HOMME QUI MURMURAIT AUX BRANCHIES DES REQUINS
Du plus fameux des prédateurs des mers, on ne connaît pratiquement rien si ce n'est ce que les médias nous montrent et nous inculquent : un tueur implacable assoiffé de sang et mangeur d'hommes. Or cette image que nous avons tous est complètement erronée. En tout cas c'est ce que s'évertue à nous prouver Rob Stewart au travers de ce documentaire. Mais, en plus de nous faire dépasser les préjugés sur la réputation funeste du requin et sur son " délit de sale gueule", Stewart est aussi, et principalement, là pour nous sensibiliser sur le massacre du squale et les dangers de sa disparition dans l'écosystème. À l'opposé d’un documentaire animalier classique, le biologiste photographe s'acharne, avec sa dynamique en deux temps (la première partie pourrait se définir comme un poème en hommage aux profondeurs alors que la seconde vire au constat et à la lutte contre le braconnage, la corruption et le shark finning), à faire comprendre au spectateur que l'image créée par les reportages, les films et autres romans est totalement fausse, mais surtout particulièrement dangereuse pour l'appréhension du devoir écologique. Images de pêches barbares et chasse aux braconniers à l'appui, celui qui se sent comme un poisson dans l'eau au milieu des ailerons ainsi qu'une équipe de volontaires écologistes se retrouvent donc témoins d’actes clandestins nocifs à la survie de la plus ancienne espèce sous-marine, et tentent désespérément de tirer la sonnette d’alarme. Alors pour tous ceux qui éprouvent à la fois un sentiment d'attraction et de répulsion par cette image d'aileron déchirant la ligne de partage entre le ciel et la mer et qui auront été traumatisés par le film de Steven Spielberg, Les Seigneurs de la mer propose de faire la paix avec la mer et ses "dents" et prouve tout simplement que la sauvegarde du requin est un élément primordial à la survie de la chaîne alimentaire et à l'ensemble de l'écosystème terrestre. Obligatoire, peut-être pas, mais essentiel, sûrement.
En savoir plus
Le shark finning est une activité pratiquée essentiellement par les pêcheurs des pays en voie de développement. Elle consiste à pêcher des requins pour leur couper les ailerons puis à en rejeter les corps à la mer, la plupart du temps encore vivants. Incapable de nager, se vidant de leur sang, les animaux meurent de mort lente en s'asphyxiant. 95% de l'animal est gâché. Le shark finning est pratiqué en mer, de sorte que les pêcheurs n'aient que les ailerons à transporter (la chair de requin a peu de valeur marchande) et n'aient pas besoin de réfrigération. N'importe quel requin est pris, quels que soient son âge, sa taille ou son espèce. C'est certainement la cause la plus importante du déclin des populations mondiales de requins et les spécialistes estiment que chaque année plus de 100 millions de requins sont tués pour leurs ailerons.