Le Secret de Chanda
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Life, Above All
Afrique du Sud, 2010
De Oliver Schmitz
Scénario : Dennis Foon
Avec : Khomotso Manyaka
Photo : Bernhard Jasper
Durée : 1h40
Sortie : 01/12/2010
Dans la poussière d’un township proche de Johannesburg, Chanda, douze ans, découvre, à la mort de sa sœur à peine née, qu’une rumeur enfle dans le voisinage, détruit sa famille, et pousse sa mère à fuir. Devinant que ces commérages se nourrissent d’à priori et de superstition, Chanda part à la recherche de sa mère et de la vérité…
AFRICAN QUEEN
Le festival de Cannes proposait cette année deux films venus d’Afrique noire : le tchadien Un homme qui crie, présenté en compétition, et Le Secret de Chanda, venu d’Afrique du Sud, dans la catégorie Un certain regard. Une présence nettement accrue par rapport aux années précédentes, mais qui reste ridiculement rikiki, tant l’Afrique demeure le continent le plus méconnu de la planète cinéma. Ces deux films, financés par des fonds européens, ont pour premier mérite de ne pas se ressembler, et d’offrir des points de vue et des démarches aussi différentes que complémentaires. Là où le premier mise sur le réalisme social, Le Secret… se la joue nettement plus folklorique (avec chants ethniques, marabouts et animaux sauvages…) quitte parfois à brosser un peu trop son public occidental dans le sens du poil, et chausse ses sabots mélos dès les premières minutes, pour ne plus les lâcher de sitôt. Le ton est donné dès la première scène du film où Chanda, la toute jeune héroïne, cherche à enterrer sa petite sœur Sarah. A partir de là, sans Sarah rien ne va, et l’horizon ne cesse de s’assombrir pour elle, entre une mère malade, une sœur alcoolique, misère et prostitution…
Ca vous rappelle quelque chose ? En effet, quitte à jouer au jeu un peu vain des ressemblances il est tentant de voir en ce film le Precious de la cuvée 2010 (le film de Lee Daniels avait également été sélectionné à Un certain regard l’an dernier). D’une part grâce à son héroïne toute en dignité face à l’adversité du monde qui s’écroule sur elle en avalanche, et aussi parce qu’on a envie de prédire au film une carrière similaire en salles. Parce que malgré son coté un peu convenu, et des personnages parfois stéréotypés, Le Secret de Chanda possède de réelles qualités narratives, un vrai sens du rythme et, au bout d’un certain temps, donne à voir des moments plus subtils et personnels où l’héroïne respire enfin un peu plus, et nous aussi. Dommage que cette bonne surprise tardive soit un peu gâché par une conclusion tire-larme pas très bien amenée, qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de Sarah Mandiano. Applaudi à tout rompre lors de ses séances cannoises, le film aurait sans doute remporté (à tort ou à raison) un prix d’interprétation à son ou ses interprètes s’il avait été en compétition. Le film a en tout cas été illico repéré par la presse internationale, et il se murmure déjà que le film pourrait entrer fissa dans la course aux Oscars.
