Les Saphirs
Sapphires (The)
Australie, 2012
De Wayne Blair
Scénario : Keith Thompson
Durée : 1h43
Sortie : 08/08/2012
Australie, 1968, trois soeurs aborigènes : Gail, Julie et Cynthia et leur cousine Kay, sont découvertes par Dave, musicien irlandais au caractère bien trempé, amateur de whiskey et de soul music. Dave remanie le répertoire du groupe, rebaptisé The Sapphires, et organise une tournée dans les zones de guerre du Vietnam du Sud. Dans le delta du Mékong où elles chantent pour les marines, les filles déchainent les foules, esquivent les balles et tombent amoureuses.
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C'est un lieu commun que de dire qu'on voyage en salles, à Cannes, de pays en pays, d'un genre à l'autre. The Sapphires propose un autre type de voyage: un aller direct du Palais des festivals vers Paris, à l'UGC Orient Express, dans la salle où l'on entend passer le métro et les gens tirer la chasse d'eau. The Sapphires est ce genre de sous-production qu'on regarde sur un mini écran lors d'un long voyage en avion, très distraitement, et sa présence en sélection officielle est aussi mystérieuse que la mort de Marilyn ou les raisons du salaire d'Ariane Massenet. Surcalibré jusqu'à la parodie, The Sapphires, comme beaucoup d'autres films, suit des protagonistes 'différents' (des Aborigènes subissant la ségrégation en Australie, devenant des starlettes catapultées au Vietnam) pour les broyer dans le moule du conformisme le plus creux. Un truc qui sort d'une usine, où les personnages sont contents, sont tristes ou tombent amoureux simplement parce que c'est écrit dans le scénario. Téléguidés, comme des robots (la love story est un modèle d'écriture aux fraises).
La fadeur des actrices n'arrange rien à l'affaire de ce film qui parvient à être plus désincarné encore que le sinistre Dreamgirls, dont il est la version faussement décalée. On lance la bande son (un best of rétro comme à une tournée Age Tendre & Têtes de Bois) et les gras bons sentiments prêts à consommer. L'histoire est énorme mais le film loupe tout, et hormis une petite scène d'attaque aérienne, The Sapphires n'a pas plus d'ampleur que s'il racontait l'histoire d'une tournée dans la banlieue d'à côté. Triste de voir à Cannes, qui plus est dans cette case de la séance de minuit qui permet encore plus de décalage, un film avec autant de personnalité qu'un bibelot pour touriste acheté en bas de la Tour Eiffel.
Petit jeu: sachant qu'il s'agit d'une histoire vraie, pensez-vous que le générique de fin défilera sur les visages des vraies Sapphires ?