Festival de Gérardmer : Sam Was Here
Perdu au fin fond du désert californien, un démarcheur cherche de nouveaux clients en passant de village en village. En vain. Alors que sa voiture tombe en panne et qu’un tueur rôde dans la région, il va découvrir l’hostilité de la population locale et sombrer peu à peu dans la paranoïa…
DICK LAURENT IS DEAD
Dans ce premier long-métrage de Christophe Deroo, il y a cet homme, Sam, commercial vadrouillant dans une région désertique et ne croisant pas âme qui vive, un homme perdu au milieu d’un no man’s land où seules se côtoient quelques caravanes délabrées et désespérément vides. Puis il y a cette mystérieuse radio dont le seul programme diffuse des messages d’auditeurs à qui on propose de cracher leur venin, et qui vomit les dernières news sur un tueur en cavale qui ne va pas tarder à se faire chopper par les flics. Enfin il y a cette lumière rouge dans le ciel, diode mystérieuse et incongrue qu’on sent très vite oiseau de mauvais augure, une sorte de témoin lumineux de l’intrigue qui va se dérouler sous nos yeux et jauge d’un niveau de folie latent.
Orchestré comme un épisode de La 4e dimension survolé par un certain esprit à la Lovecraft (il y a pire comme influences) Sam was here se déguste surtout comme un film sensoriel, une œuvre qui nous embarque dans une ambiance oppressante pour un conte à la frontière du réel. Dans des décors qui rappellent ceux qu’affectionne tant Quentin Dupieux (Rubber, Wrong, Réalité) et sur une musique à la John Carpenter (la nouvelle norme du film de genre), Deroo nous livre un vrai film de passionné qui aborde le genre de manière frontale mais tout en mystère et trimballe sa caméra et son héros sur des pistes que seuls les Américains se permettaient jusqu’ici. Calme mais jamais ennuyeux, influencé mais avec sa propre personnalité, Sam was here s’offre donc aux spectateurs en mal de mystères et de pelloches fantastiques envoutantes. Ne reste plus qu’à espérer qu’il dépasse sa condition de “film de festival“ et qu’il croise le chemin d’un distributeur suffisamment audacieux, ne serait-ce que pour lui permettre d’exister un peu plus et d’avoir une carrière en dehors du public des festivals fantastiques.