Sale temps à l'hôtel El Royale

Sale temps à l'hôtel El Royale
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Sale temps à l'hôtel El Royale
Bad Times at the El Royale
États-Unis, 2018
De Drew Goddard
Scénario : Drew Goddard
Avec : Jeff Bridges, Jon Hamm, Chris Hemsworth, Dakota Johnson
Photo : Seamus McGarvey
Musique : Michael Giacchino
Durée : 2h22
Sortie : 07/11/2018
Note FilmDeCulte : ***---
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Janvier 1969. Alors que Richard Nixon entame son mandat comme 37e président des États-Unis, une nouvelle décennie se profile. À l’hôtel l’El Royale, un établissement autrefois luxueux désormais aussi fatigué que ses clients, sept âmes aussi perdues les unes que les autres débarquent. Situé sur la frontière entre la Californie et le Nevada, l’El Royale promet la chaleur et la lumière du soleil à l’ouest, et l’espoir et les opportunités à l’est. Il incarne parfaitement le choc entre passé et présent. Autrefois, célébrités et personnalités politiques influentes s’y côtoyaient, au casino, au bar, à la piscine ou dans les suites somptueuses. Mais l’âge d’or du Royale est bel et bien révolu. Dans cet hôtel oublié des riches et des puissants depuis longtemps, un prêtre, une chanteuse de soul, un voyageur de commerce, une hippie et sa sœur, un homme énigmatique, et le gérant de l’hôtel vont se retrouver par hasard… ou pas. Au cours d’une nuit comme seul le destin sait les orchestrer, tous auront une dernière chance de se racheter, avant que l’enfer ne se déchaîne…

RIEN DANS LES MANCHES

S'inspirant d'un hôtel ayant réellement existé et choisissant l'unité de lieu pour situer l'intégralité de son récit, Drew Goddard s'offre avec Sale temps à l'hôtel El Royale l'occasion de revisiter un décor iconique de cinéma : le motel louche. Seulement ici, l'établissement n'est pas seul à faire preuve de duplicité. Toutefois, là où l'hôtel affiche sa dualité comme argument de vente, ses occupants la dissimulent. Dans un premier temps, le cinéaste laisse entendre que ce nouvel opus va suivre dans les pas de son premier long métrage, l'excellent La Cabane dans les bois, et déconstruire un (sous-)genre pour mieux le reconstruire. En effet, il faut voir comme l'écriture s'amuse à étirer le temps pour abattre son exposition, ludique à plus d'un titre, notamment dans la façon dont Goddard caractérise l'univers tout entier par la thématique du double. Dans Sale temps à l'hôtel El Royale, tout a un double fond : les chambres (avec leurs miroirs sans tain metteurs en abyme, comme dans La Cabane dans les bois ou avec leurs pactole planqué sous le plancher), les accessoires (une valise, par exemple) et, bien entendu, les personnages, qui signent tous le registre d'un pseudonyme. Le postulat assume ainsi sa nature post-moderne en prenant ce décor de cinéma pour faire de chaque chambre la scène sur laquelle se joue un film à part entière. Malheureusement, après cette joyeusement laborieuse mise en place des plus prometteuses, le film se fait de plus en plus conventionnel dans son déroulement, qui n'est pas sans rappeler Les Huit salopards de Quentin Tarantino (et préfigurant même un peu du prochain, avec sa figure de leader de secte à la Charles Manson). Néanmoins, là où le concept du Tarantino était prétexte à une allégorie sur l'Amérique, Sale temps à l'hôtel El Royale n'en atteint jamais la tension et, pour un film qui s'amuse à révéler ce qui se cache derrière les apparences, n'a pas grand chose à proposer sous sa surface. Pas de double fond sur ce coup-là.

par Robert Hospyan

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