Sacro GRA

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Sacro GRA
Italie, 2013
De Gianfranco Rosi
Durée : 1h33
Sortie : 26/03/2014
Note FilmDeCulte : **----
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Au volant de sa mini-fourgonnette, Gianfranco Rosi est parti à la découverte de la GRA (Grande Raccordo Anulare), plus connue sous le nom de Grand Contournement de Rome. Derrière le vacarme continu, un monde invisible...

LE LION EST MORT CE SOIR

Faites le test autour de vous, parmi les cinéphiles ou non, demandez qui a remporté le Lion d’or de la Mostra de Venise cette année, et voyez qui est capable de répondre. Inconnu du grand public (ses films n’ont jamais été distribué en France), le documentariste Gianfranco Rosi est pourtant un habitué du Lido puisqu’il y a déjà reçu des distinctions en 2008 (avec Below Sea Level, film sur des marginaux en Californie) et en 2010 (avec El Sicario, sur un tueur à gages mexicain). Il n’empêche : Sacro GRA, son dernier long-métrage a en effet été un lauréat pour le moins inattendu. Un Lion d’or attribué à un documentaire, dont le sujet n’est autre que… le périphérique de Rome (le Grande Raccordo Annulare, dont l’acronyme donne au film son titre en forme de graal) ? Cela ressemblerait presque à une blague. Pas question pour autant de se moquer de la victoire de cet outsider. Depuis quand seuls les fictions et les « grands films » attendus mériteraient-ils les plus hautes marches du podium ? Il y aurait au contraire de quoi se réjouir de cette victoire déjouant les préjugés. Enfin il y en aurait surtout… si Sacro GRA était particulièrement réussi.

Tout dans Sacro GRA tourne en rond : des lacets d’autoroute qui encerclent la ville aux plans panoramiques à 360° et la ronde des protagonistes que trouve le cinéaste le long du périphérique. Prostituées vieillissantes, habitants de cité hlm, observateurs de la nature, catholiques pratiquants… des quotidiens filmés sur le vif, sans musique, sans voix off, sans inserts. Rien ne vient alourdir cette stricte observation, mais rien ne vient non plus étoffer le propos. Le symbole du périphérique comme rempart, comme prison ou comme friche a bon dos, mais appartient plus à ce que le spectateur projette qu’à la richesse du film en lui-même. L’écriture et le montage fonctionnent comme une mosaïque mettant côte à côte des destins divers, mais chaque scène prise à part demeure le plus souvent plate et surtout redondante. Le va-et-vient se répète lentement, sans humour, sans violence, sans tendresse. La ronde en question tourne rapidement court, la présence et le point de vue du cinéaste se retrouvent dilués à l’extrême.

La surprise n’est donc pas de voir ce documentaire inattendu auréolé d’or, mais de voir la première marche du podium attribuée à un film qui, par sa qualité, n’aurait pas dépassé le cadre des sélections parallèles à Berlin ou à Cannes (Edouard Waintrop nous confiait avoir vu et aimé un premier montage du film). On a beaucoup parlé (pas toujours à tort) de la modestie anecdotique de certains vainqueurs berlinois des années 2000. Cette année, la caricature change de camp, et Venise trouve malgré lui un vainqueur symbolique de la baisse brutale de prestige qu’aura subi la Mostra cette année.

par Gregory Coutaut

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