The Sacrament

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Sacrament (The)
États-Unis, 2013
De Ti West
Note FilmDeCulte : *****-
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Deux journalistes suivent un de leurs amis à la recherche de sa soeur disparue. Quittant les États-Unis pour une destination tenue secrète, ils arrivent finalement à Eden Parish, une communauté religieuse où quelque deux cents âmes partagent l’idéal d’un mode de vie autonome, fondé sur le partage des biens et porté par un chef charismatique que ses fidèles appellent « Père ». Mais des zones d’ombre dans ce prétendu petit paradis vont bientôt être découvertes par les nouveaux arrivants...

LA SECTE SANS NOM

Même s’il s’agissait de son troisième film (après deux œuvres de jeunesse), House of the Devil constituait l’acte de naissance de cinéaste de l’Américain Ti West. Il s’agissait d’un réjouissant exercice de style recréant un film de genre 80’s où une innocente baby-sitter avait affaire au Diable lui-même. Son film suivant, le splendide The Innkeepers élargissait le cadre, délaissait le strict hommage cinéphile pour se plonger dans un imaginaire riche et poétique, la mythologie d’une maison hantée. West prend encore du recul et surprend avec son nouveau film produit par Eli Roth. Si la communauté décrite dans The Sacrament est imaginaire, son récit cette fois est davantage ancré dans le réel, lance des ponts avec le monde réel là où ses précédentes œuvres conversaient plus volontiers avec le surnaturel. The Sacrament emprunte d’ailleurs au documentaire en jouant la carte du documenteur, found footage et caméra au poing.

Les deux héros journalistes partent faire un reportage sur un Eden reconstitué. Interracial, abattant tout barrière sociale. L’herbe y est plus verte qu’ailleurs et le discours de chacun est rôdé. Dans un poujadisme qui rappellera tout ce qu’on peut entendre actuellement sur n’importe quelle chaine de télé française, on explique bien que ce paradis s’est constitué en réaction au monde extérieur, à un pays en décomposition, à sa politique et ses médias pourris. West rappelle qu’il est un conteur hors pair avec une scène où la tension palpable intervient… lors d’un simple dialogue. L’un des journalistes interviewe le gourou de la communauté. Aucun effet artificiel ne vient faire monter la sauce. Epure de la mise en scène, écriture ciselée et qualités d’interprétation. C’est déjà ce qui sautait aux yeux avec The Innkeepers, qui parvenait à créer des personnages solides et attachants là où 36 autres films du genre peinent à faire exister leurs pantins.

Il y a évidemment quelque chose de moisi dans ce paradis. West parle du fanatisme religieux, de la manipulation de parias de naissance, de la barbarie physique qui moleste les corps comme de la barbarie mentale qui transforme des humains en détresse en zombies. Le gourou, lui, connait sa Bible par cœur. Sans jamais avoir à faire le petit malin, le réalisateur parvient à installer une tension crescendo qui impressionne sur des thèmes et avec un ton qu’on ne lui connaissait pas. Ce nouveau film haletant confirme sa place non seulement parmi les réalisateurs de genre les plus prometteurs, mais aussi parmi les réalisateurs mondiaux les plus prometteurs tout court.

par Nicolas Bardot

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