SOS Fantômes : L'Héritage
Ghostbusters : Afterlife
États-Unis, 2021
De Jason Reitman
Scénario : Gil Kenan, Jason Reitman
Avec : Paul Rudd, Finn Wolfhard
Photo : Eric Steelberg
Musique : Rob Simonsen
Durée : 2h04
Sortie : 01/12/2021
Une mère célibataire et ses deux enfants s'installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l'héritage légué par leur grand-père.
GOSSES BUSTERS
Étrange cocktail que ce Ghostbusters : Afterlife qui, à l'inverse du reboot genderswapped de 2016, change de registre et de décor. Dès la première séquence, assez kiffante, avec son pick up qui file à toute allure sur une route de campagne, ses phares comme seule lumière dans la nuit, son protagoniste et antagoniste gardés invisibles, mystérieux, le film lorgne davantage du côté de Spielberg et ses poulains que d'Ivan Reitman qui passe pourtant le flambeau à son propre fils. Mais c'est sans doute justement là l'explication derrière la démarche générale qui rappelle davantage les films de J.J. Abrams comme Super 8 et Le Réveil de la Force parce que ce troisième chapitre de la saga est ce que l'on appelle - pour rajouter aux deux termes anglais mentionnés plus haut - un legacyquel, une suite qui voit de nouveaux personnages, jeunes, découvrir l'histoire des illustres héros des films précédents et/ou marcher dans leurs pas. Ainsi, Ghostbusters : Afterlife n'est-il ni plus ni moins que l'histoire du petit Jason s'imaginant endosser le costume des héros du film de son père (c'est d'ailleurs littéralement une des scènes du film). En 1984, il avait 7 ans et il était lui aussi biberonné non seulement par le film original mais également les productions Amblin auxquelles le film, co-écrit par Gil Kenan (Monster House, le remake de Poltergeist), fait sans cesse référence (des scènes semblent calquées sur E.T. et Gremlins).
Dans un premier temps, ce pas de côté, optant pour le film rural à hauteur d'enfants plutôt que la comédie prolo urbaine, semble être une proposition intéressante pour ne pas refaire le modèle à l'identique mais au-delà de ces quelques éléments métatextuels inévitables, le film ne tient pas réellement ses promesses et manque non seulement de rythme mais surtout de surprise et d'originalité. Le récit met une heure montre en main à proprement démarrer et même passé ce point, une fois le pack de proton et l'Ecto-1 réappropriés et le premier fantôme - un ersatz de Slimer - chassé, le scénario passe encore trop de temps à expliquer des évidences clichés sur "ce qui se passe" (surtout pour finir par remaker l'original en moins iconique) plutôt qu'à tisser des arcs correctement (les deux romances du film font un peu pitié) alors que les pistes étaient là (tout ce qui touche à la figure du père absent a de quoi être mortel mais reste superficiel dans le traitement). Du coup, l'émotion voulue demeure imméritée. Le film n'a pas vocation à faire autant rire que le premier et il reste quelques moments amusants mais l'ensemble est tellement mou que ça tombe parfois à plat, surtout avec ce sidekick gamin surécrit (il se surnomme Podcast...parce qu'il tient un podcast #scénarisme). Et même sans être allergique à la nostalgie et au fan service, certains clins d’œil sont tellement forcés qu'on en roule des yeux. Toutefois, le film n'est pas méchant, il part même d'un sentiment sincère de Reitman Fils, mais le résultat est plutôt symptomatique de notre époque. Dans le même genre, Le Réveil de la Force ou Creed (ou même Tron, l'héritage et Blade Runner 2049, même s'ils sont moins méta) étaient plus réussis.