SOS Fantômes
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Ghostbusters
États-Unis, 2016
De Paul Feig
Scénario : Paul Feig
Avec : Melissa McCarthy, Kristen Wiig
Photo : Robert D. Yeoman
Musique : Theodore Shapiro
Durée : 1h56
Sortie : 10/08/2016
S.O.S. FANTÔMES est de retour, revisité et dynamisé avec un casting féminin et de tout nouveaux personnages plus hilarants les uns que les autres. Trente ans après le raz-de-marée planétaire du premier film, le réalisateur Paul Feig nous offre sa vision rafraîchissante et ultra vitaminée de la comédie surnaturelle, avec la complicité de certaines des personnalités les plus drôles du cinéma actuel : Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones et Chris Hemsworth. Les fantômes n’ont qu’à bien se tenir !
SOS FANTOCHE
Si l'on connaît tous les motivations financières qui amènent les studios à multiplier les suites, les remakes, les nouvelles adaptations et les reboots, chaque film doit tout de même réussir à justifier sa raison d'être artistique. À l'annonce d'un nouveau SOS Fantômes avec une équipe exclusivement féminine, le projet semblait relever du gimmick vulgaire à la Miss Karate Kid (avec Hillary Swank!). La présence à la barre de Paul Feig, qui s'est spécialisé dans les comédies revisitant au féminin des genres généralement masculins (la comédie apatowienne Mes meilleures amies, le buddy movie Les Flingueuses, le film d'espionnage Spy), pouvait rassurer. Pour autant, bien que Feig se réapproprie en partie le matériau en y apportant son humour, la démarche, coincée entre remake et reboot, peine à réellement convaincre.
Dès la toute première scène, les blagues apparaissent relativement différentes de l'original. Le film d'Ivan Reitman se situait dans un monde bien réel et s'apparentait davantage à un film fantastique injecté d'humour par le biais de personnages cyniques ou incrédules. Le film de Feig semble parfois parodique (cf. ce que le guide raconte de la maison hantée), toujours caricatural (le réceptionniste crétin, le maire négationniste) et donne fréquemment dans un humour "à côté" du postulat. On est davantage face à une comédie, basique qui plus est, avec quelques fantômes de temps en temps. En témoigne ces séquences hors sujet qui s'éternisent parce qu'on laisse les acteurs improviser (le doyen de la fac et ses doigts, l'entretien d'embauche du réceptionniste). C'est vraiment devenu le fléau de la comédie US.
Cette approche s'avère pour le moins étonnante et décevante de la part de Feig qui, même dans un film plus faible et superficiel comme Les Flingueuses, mettait l'humour au service du propos. Oui, car ses précédents films racontaient quelque chose. Ici, le film fait référence au bashing empreint de sexisme que la production a subi de la part des fans puristes mais plutôt que d'exploiter cette réalité pour l'inscrire de façon méta dans le récit (à l'exception d'un ou deux gags), faisant de l'équipe de filles des héroïnes sous-estimées précisément parce qu'elles sont des femmes par exemple, le film semble ne pas vouloir brandir de flambeau féministe que Feig avait déjà très bien traité dans Spy et opte, peut-être à raison, pour le non-événement. Ce faisant, il passe un peu à côté de son potentiel.
L'une des rares bonnes idées du film est de remplacer le bibendum Chamallow par un fantôme qui prend l'apparence du célèbre logo de la franchise. En une image, tout est dit. Le reboot doit tuer l'original pour exister (et la façon dont elle s'en débarrasse n'est pas innocente non plus). C'est la meilleure manière de dire justement aux haters de se défaire de leur nostalgie. Le souci, c'est que le film abuse de cameos et de références qui sentent le forçage donc le positionnement s'avère un peu hypocrite. Que le curseur comique soit déplacé, au-delà des préférences subjectives de chacun, ce n'est pas bien grave. Ça a au moins le mérite de se distinguer de l'original, au même titre que ce casting, au poil, pour des archétypes finalement assez différents de ceux campés par Aykroyd, Murray et compagnie. Mais ce nouveau SOS Fantômes n'a pas grand chose à proposer d'autre, notamment lorsqu'on repense aux autres films de Feig, plus à-propos, plus incarnés, et surtout, il n'est que vaguement amusant.
