S1m0ne
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États-Unis, 2002
De Andrew Niccol
Scénario : Andrew Niccol
Avec : Catherine Keener, Al Pacino, Ron Perkins, Jim Rash, Winona Ryder, Benjamin Salisbury, Darnell Williams
Durée : 1h55
Sortie : 18/09/2002
Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Rita Hayworth, Audrey Hepburn, Katharine Hepburn, Grace Kelly, Meryl Streep, Veronica Lake, Sophia Loren, Jayne Mansfield et Marylin Monroe réunies dans un même film. Mieux: réunies dans la même actrice, une déesse qui enflamme la pellicule, une icone qui met en émoi le tout hollywood dès son premier rôle. Elle se prénomme S1m0ne.
Dans son second long métrage en tant que réalisateur, le talentueux Andrew Niccol conte la carrière fulgurante de cette étoile filante, et à travers elle, celle de son mentor, pygmalion et réalisateur fétiche, Viktor Taransky (interprété brillamment par Al Pacino, chef d'orchestre rappelant Christof du Truman Show, interprété là par Ed Harris). Ex metteur en scène en vogue, récompensé aux Oscars, Taransky se ronge les sangs sur son dernier tournage qui prend des allures de radeau de la méduse. C'est alors qu'une recontre va lui changer sa vie: un illuminé va lui confier une invention révolutionnaire. Taransky crée S1m0ne, l'actrice parfaite, celle qui lui permettra de relancer sa carrière. Petit détail: cette jeune femme n'est qu'illusion, créature virtuelle animée par ce Geppetto moderne de Viktor. Niccol continue d'explorer les thèmes abordés dans ses précédentes créations: le rapport à l'image ainsi que son pouvoir, les thèmes de l'illusion et de la perfection. Au Jerome Morrow (Jude Law) de Bienvenue à Gattaca, être génétiquement parfait, succède donc S1m0ne (elle-même). Niccol délaisse l'idée de la duplicité (Morrow et son double imparfait Freeman, interprété par Ethan Hawke) pour élever sa S1m0ne sur un piedestal, celui que doit occuper la majestueuse déesse qu'elle est. C'est vers cette créature unique que tous les yeux se dirigent, Niccol développant ici les pistes du Truman Show, où il était déjà question du pouvoir de l'image et de l'illusion.
En effet, les échos entre les deux films sont nombreux. Niccol, qui a écrit le film de Peter Weir, met encore une fois en scène une supercherie basée sur l'illusion. Après le spectacle d'une vie ordinaire (celle de Truman Burbank), voici celui d'une vie de superstar, les deux exposant la fascination que ces icones artificielles peuvent susciter. Encore une fois, Niccol produit une intelligente réflexion quant au pouvoir de l'image. La même ambiguité persiste quant à l'identité du manipulateur et du manipulé. Est-ce Christof qui manipule Truman ou l'inverse? De même, est-ce Viktor qui manipule Simone, ou la créature a t-elle pris assez d'ampleur pour devenir la manipulatrice? Si sa mise en scène demeure assez discrète (mais collant parfaitement au sujet), Niccol signe une nouvelle fois un scénario d'une immense richesse, et dont les petites faiblesses seront vite effacées par le caractère de fable que revêt S1m0ne. Car S1m0ne est d'une tonalité largement plus légère que le très sérieux Gattaca, et dans une moindre mesure The Truman Show. Le film provoque de mémorables éclats de rire: le duplex de S1m0ne dans le tiers monde restera comme une des images de l'année, les films mettant en scène S1m0ne (aux titres souvent abscons, tels que Eternity Forever, Sunrise Sunset ou un troisième qu'il vaut mieux vous laisser découvrir) participent à la drôlerie de l'entreprise, les éléments caricaturaux (actrices capricieuses, journalistes rapaces) trouvant eux leur place dans le caractère satirique du film, par ailleurs quelque peu distancé de la réalité, se situant en permanence dans des studios ou dans le logis de Viktor qui semble coupé du monde. Il reste à parler du joyau de ce film, la vraie-fausse vraie-fausse héroïne, S1m0ne. La délicate et lumineuse Aphrodite crève la toile, et renvoie à leurs chères études toutes ses concurrentes. S1m0ne, LA star de demain.
