DVD: Rupture
Renée Morgan, une mère célibataire, n’a jamais pu apprendre à être forte. Un jour, après avoir laissé son fils chez son ex-mari, elle est brutalement enlevée et jetée dans un camion qui part en trombe et roule pendant des jours. Elle n’a aucune idée où on l’amène, mais de toute évidence, on l’amène très loin...
LA PRISONNIÈRE
Cela fait dix ans qu'on était sans nouvelles de Steven Shainberg, révélé par le délicieusement tordu La Secrétaire et qui avait enchaîné avec Fur, biographie imaginaire de la photographe Diane Arbus – flop mondial mais film singulier et remarquable. C'est une surprise de le voir derrière la caméra pour Rupture, un thriller qui semble a priori assez loin de son univers... même si la perversité du script de Brian Nelson offre au cinéaste une nouvelle héroïne à torturer.
Renee, mère pas vraiment modèle, se fait enlever. Par qui ? Pourquoi ? Le récit de Rupture entretient le mystère avec efficacité dans ce qu'on identifie d'abord – et un peu vite - comme une parabole de camp d’entraînement pour maman parfaite. Mais Rupture ne livre pas tout de suite ses clefs et c'est ce qui rend réjouissant son petit jeu. On y croise des savants fous raides et cheesy comme échappés d'un film de Stuart Gordon (parmi eux, Lesley Manville, adorée dans Another Year de Mike Leigh), ceux-ci semblent se préparer à entamer une partie de Dr Maboul géante avec leurs prisonniers dans un bunker-labyrinthe qui a des allures de terrain de chasse pour backroom fluo. Il y a une authentique générosité fun dans ce cabinet des tortures et des peurs qui oublie de se prendre trop au sérieux.
Noomi Rapace campe avec charisme (et il en faut, car elle est de pratiquement tous les plans) cette héroïne à la maternité contrariée, prise au cœur de ce qui pourrait ressembler à un Martyrs fun et un The Stepford Wives qui ne s'appliquerait plus strictement qu'aux ménagères parfaites. Rupture patine un peu plus lorsqu'on se met à expliquer – le film est à l'inverse meilleur lorsque ses protagonistes parlent comme la femme à la bûche de Twin Peaks. Son humble efficacité tout comme son esprit à la fois bon et mauvais en font un divertissement hautement recommandable.