The Room
France, 2019
De Christian Volckman
Scénario : Eric Forestier, Christian Volckman
Avec : Kevin Janssens, Olga Kurylenko
Photo : Reynald Capurro
Musique : Raf Keunen
Durée : 1h40
Sortie : 25/03/2020
Kate et Matt, la trentaine, sont en quête d’authenticité. Le jeune couple décide de quitter la ville et achète une grande maison à rénover dans un coin reculé du Maryland. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre étrange capable d’exaucer tous leurs désirs. Leur nouvelle vie devient un véritable conte de fée. Pourtant derrière cet Eden apparent, une ombre guette : la Chambre va dévoiler leur désir enfoui et leur octroyer ce qu’ils attendent depuis toujours et que la nature leur refusait. Mais bientôt leur rêve se transforme en cauchemar...
THE HAND OF GOD
Depuis son Renaissance en 2006, on était sans nouvelles de Christian Volckman (en tout cas dans le monde du cinéma). Et comme on avait été happé par ce premier long d’animation tout en motion capture (et si vous ne l’aviez pas été, certaines fulgurances visuelles ont dû malgré tout vous rester en mémoire, ça c’est indéniable), il nous arrivait de nous demander ce que devenait le bonhomme. Allait-il rester l’homme d’un one shot qui préfère continuer ses activités parallèles d’artiste plasticien ou de peintre, ou développait-il, dans son coin, quelque chose d’aussi innovant et/ou visionnaire que son premier essai avant de nous le balancer sans nous avertir, comme ça, au détours de festivals et autres présentations officielles et cérémoniales ? Bon cette question aura mis environ 13 ans à trouver une réponse, mais ça y est, elle est là devant nos yeux, et s’appelle The Room, un film fantastique que son auteur a voulu tourner cette fois-ci en live et tout en relecture. Car oui, la deuxième mise en scène de Volckman s’apparente à une interprétation moderne du complexe de Frankenstein, avec cette idée que la création dépasse le créateur, tout comme elle met en scène une certaine relation Œdipienne exacerbée. Intéressant. Sauf que le schéma dessiné par le réalisateur reste assez (trop ?) simple et que les différents rebondissements, s’ils ne sont pas téléphonés, ne proposent pas suffisamment de matière à réflexions/interprétations/mise en abime. Un peu comme si l’auteur avait voulu rester en surface de son sujet et ne pas pousser plus loin les possibilités offertes par son histoire de chambre d’abondance à potentiel destructeur, pour ne pas s’aliéner une audience pas toujours prompte à suivre les auteurs proposant des œuvres ne rentrant pas dans des cases prédéfinies. Dommage car l’intrigue de départ qu’il développe avait de quoi faire espérer une matière puissante, frondeuse et téméraire. Mais non The Room ne restera que comme cette tentative, certes carrée et très bien exécutée mais un peu frileuse, qui aborde des thématiques plutôt frontalement mais sans malheureusement apporter de nouvelles pierres à l’édifice. Reste qu’en l’état le film remplit un certain contrat de conte moderne troussé avec une certaine aisance. Mais il aurait pu être plus, bien plus… La prochaine fois peut-être ? En espérant que Volckman mette quand même moins de temps à revenir vers nous !