RockNRolla
RocknRolla
Royaume-Uni, 2008
De Guy Ritchie
Scénario : Guy Ritchie
Avec : Gemma Arterton, Gerard Butler, Toby Kebbell, Thandie Newton, Jeremy Piven, Mark Strong, Tom Wilkinson
Photo : David Higgs
Musique : Steve Isles
Durée : 1h54
Sortie : 20/11/2008
Caïd londonien, Lenny travaille à l'ancienne, en graissant la patte ou faisant pression sur n'importe quel ministre, promoteur immobilier ou malfrat en vue. Mais Londres est en train de changer: les mafieux des pays de l'Est, comme les petits voyous, cherchent à bouleverser les règles du milieu. Désormais, c'est toute la pègre londonienne qui tente de se remplir les poches en se disputant le coup du siècle. Mais c'est Johnny Quid, rock star toxico qu'on croyait mort, qui a les cartes bien en main...
C'EST UN ROCKER
Au vu de la bande-annonce, le dernier film de Guy Ritchie semblait annoncer un retour à ses amours premières, à savoir le film de gangsters british traité avec juste ce qu'il faut de second degré. Néanmoins, si son nouvel opus s'apparente effectivement davantage à Arnaques, crimes et botanique et Snatch, il témoigne une fois de plus de la volonté de son auteur à vouloir donner dans un registre plus sérieux. Du coup, RocknRolla tire le bon et le mauvais de l'expérience Revolver : Ritchie y enrichit son visuel (on retrouve la photo aux teintes brunes de ses premiers films mais également les scènes monochromatiques à la lumière oppressante), opte pour un casting plus classe (on échange Jason Statham et Vinnie Jones pour Gerard Butler et Mark Strong) et souhaite évoquer le nouveau Londres (moins d'underground crade, plus de gratte-ciels et de grues) mais le cinéaste peine à insuffler du rythme au récit. La plupart des ingrédients de sa formule y sont pourtant. On retrouve le même humour (absent de Revolver et qui fonctionne à merveille ici) et le même genre de personnages à surnoms (One Two, Mumbles, Handsome Bob, Johnny Quid) et toujours ces intrigues multiples mais la sauce ne prend pas au mieux. Là où le diamant de Snatch était un McGuffin très correctement exploité, ici le cinéaste semble se foutre de son McGuffin (un tableau), choix délibéré mais du coup l'intérêt se porte ailleurs sur...quoi exactement?
C'EST UN ROLLER
En fait, on remarque que chez l'auteur, contrairement à beaucoup de films de gangsters, les protagonistes centraux sont toujours baladés. Contrairement à Ocean's Eleven ou Braquage à l'italienne où les héros ont toujours un tour d'avance sur tout le monde (sur les autres personnages et sur le public), chez Ritchie, les "héros" sont presque toujours passifs, embauchés par d'autres et bien mal en point avant un coup du sort final. Ce genre de dynamique tient la route si tout autour ça s'active. Or là où ses deux premiers films, tant dans la narration que dans le visuel, s'avèrent ludiques et entraînants, dans Revolver et dans RocknRolla, la structure est plus bancale. Le premier présentait de longs dialogues chiants de pensum raté et le second oublie juste d'ellipser ce qu'il faut et adopte une structure bien trop décousue de la part d'un metteur en scène qui nous avait habitué aux intrigues téléscopées avec brio. Une fois de plus, Guy Ritchie se prend un poil trop au sérieux. Cela dit, moins que sur son précédent essai, et ça lui est salutaire. L'ouvrage n'est pas à jeter non plus. Après un démarrage trop long, le dernier tiers s'avère franchement enjoué et la suite annoncée peut promettre, d'autant plus que la galerie bénéficie d'un énorme quota sympathie, notamment Archy (Mark Strong, décidément partout à présent) et Johnny Quid (Toby Kebbell, LA révélation du film).