Rivières pourpres 2: Les Anges de l'Apocalypse (Les)
France, 2003
De Olivier Dahan
Scénario : Luc Besson
Avec : Christopher Lee, Benoît Magimel, Camille Natta, Jo Prestia, Jean Reno, Serge Riaboukine
Durée : 1h40
Sortie : 18/02/2004
Un homme est retrouvé emmuré vivant dans un monastère. Le commissaire Niémans mène l’enquête, qui va rejoindre celle de Reda, l'un de ses anciens élèves. Ensemble, ils vont essayer de découvrir ce qui se cache derrière les actes de mystérieux hommes vêtus de noir.
LA FANGE DE L’APOCALYPSE
Avec Les Rivières pourpres, Matthieu Kassovitz signait sa première commande et remportait plus ou moins le défi de rivaliser avec les films d’action américains en accouchant d’un thriller français plutôt correct, malgré un dénouement raté. Associer un autre jeune auteur comme Olivier Dahan à cette suite pouvait laisser entrevoir la possibilité d’une saga intéressante, où chaque épisode permettrait à un metteur en scène de la nouvelle génération française de s’attaquer au cinéma de genre. Mais que pouvait-on espérer d’une franchise reprise en main par Luc Besson? Une bonne réputation de réalisateur souillée par sa carrière récente, limitée aux films-formules qu’il écrit et produit au rythme d’une poule pondeuse. Une poule aux œufs d’or, faut-il croire, le public étant généralement au rendez-vous. Si le fondateur d’Europa Corp. abandonne quelques-uns des défauts récurrents à ses précédents produits, telle qu’une putasserie ambiante (humour à tendance raciste, représentation des forces de l’ordre comme abrutie ou corrompue), il ne résiste pas à la tentation d’assouvir son fétichisme autour du GIGN et le scénario des Anges de l’Apocalypse demeure bâclé de bout en bout. On évolue de raccourcis scénaristiques en situations téléphonées, le tout de manière si flagrante qu’on ne peut s’empêcher de penser encore une fois que le bonhomme se fout de la gueule du spectateur.
Pourtant, l’intrigue recèle quelques bonnes idées, comme l’utilisation de la ligne Maginot ou de Lothaire, mais le film sombre dans le ridicule par le biais de longs cours de catéchisme de comptoir, grandiloquents et mal joués. On préfèrera alors oublier Camille Natta et Serge Riaboukine, et garder l’œil sur le duo central, composé d’un Jean Réno fidèle à lui-même et d’un Benoît Magimel qui s’amuse autant que Vincent Cassel dans le précédent opus. Le réalisateur lui offre donc plusieurs scènes d’action mais, à l’exception d’une fusillade chaotique très réussie, les séquences sont tantôt rendues illisibles par un montage et une mise en scène bordélique, tantôt trop longues. Néanmoins, Dahan et son chef opérateur parviennent à créer une esthétique fantastique adéquate par l’utilisation de couleurs saillantes: l’enfer des rouges sanguins, le glauque des teintes verdâtres, l’oppression du blanc brillant. La déception demeure cependant devant ce qui aurait pu être un atelier intéressant pour le film de genre en France. Espérons qu’après une tentative réussie avec Nid de guêpes et son prochain film aux Etats-Unis (Hostage, avec Bruce Willis), Florent Siri ne s’occupera pas d’un troisième volet, comme il est prévu pour le moment.