Rivage des murmures (Le)
A Costa dos mumúrios
Portugal, 2004
De Margarida Cardoso
Scénario : Cédric Basso, Margarida Cardoso
Avec : Monica Calle, Filipe Duarte, Adriano Luz, Luís Sarmento
Durée : 1h55
A la fin des années 60, Evita arrive au Mozambique pour se marier avec Luis, un étudiant en mathématiques qui accomplit sur place son service militaire. Dans les jours suivants, Evita se rend rapidement compte que Luis n’est plus le même et, perturbé par la guerre, qu’il s’est transformé en triste clone de son capitaine, Forza Leal. Perdue dans un monde qui n’est pas le sien, Evita tombe dans la toile d’une violence mesquine, sans gloire et sans honneur. La violence d’une époque coloniale proche de sa fin. Une époque de guerre, de perte et de culpabilité.
SAGES IMPÉTUOSITÉS
Le sujet est fort, l’interprétation honnête, l’histoire romancée comme il faut… Il suffirait de peu pour qu’on adhère tout à fait au premier film de Patricia Cardoso, adaptation sincère et accorte du roman de Lidia Jorge. Écriture élégante (le titre en témoigne), pudeur généralisée, mélo féminin de bonne tenue, Le Rivage des murmures reste en effet, hélas, sur le quai bondé des téléfilms aspirant à la grande forme. La faute à peu de choses. Pas au scénario, non – la matière narrative ne manque pas, servie à grand renfort d’exotisme et passion. La carence, à vrai dire, est plus délicate à cerner: manque un point de vue, un axe, un trépied de mise en scène autorisant l’ensemble à décoller un brin, à dévier un peu, à s’animer vraiment. En l’état, Le Rivage des murmures respire d’une vie gourmée, gênée aux entournures. Et pas assez puissante pour accueillir au mieux les beaux débordements de son âme narrative. Mais qu’elle se dégourdisse, s’épanouisse un peu, ramène ses ambitions au niveau de son art (ou l’inverse, on est pour), alors peut-être Cardoso pourrait pleinement nous séduire.