La Ritournelle
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France, 2014
De Marc Fitoussi
Scénario : Marc Fitoussi
Avec : Jean-Pierre Darroussin, Isabelle Huppert
Photo : Agnès Godard
Durée : 1h38
Sortie : 11/06/2014
Brigitte et Xavier sont éleveurs bovins en Normandie. Elle est rêveuse, la tête dans les étoiles. Lui, les pieds ancrés dans la terre, vit surtout pour son métier. Avec le départ des enfants, la routine de leur couple pèse de plus en plus à Brigitte. Un jour, sur un coup de folie, elle prend la clef des champs. Destination : Paris. Xavier réalise alors qu’il est peut-être en train de la perdre. Parviendront-ils à se retrouver ? Et comment se réinventer, après toutes ces années ? La reconquête emprunte parfois des chemins de traverse...
LA FERME CÉLÉBRITÉS
Il y a quelques mois, Emmanuelle Bercot plongeait sa caméra dans le blond Deneuve avec Elle s’en va. Une synecdoque de l’actrice dont l’image allait ensuite être triturée : poisson hors du bocal dans un épisode digne de Profils Paysans, fêtarde pompette avec une perruque fantaisie enfilée sur la tête, figurante à un concours de Miss aux côtés d’Evelyne Leclercq… Le film de Bercot se rappelle à notre mémoire dès le premier plan de La Ritournelle : Isabelle Huppert caresse une vache. Mieux, Isabelle Huppert élève des vaches et vit à la ferme. Isabelle Huppert joue à Docteur Maboul, Isabelle Huppert regarde un épisode de Barbapapa, Isabelle Huppert cuisine du croc-tofu. Au-delà du décalage comique, il y a une autre Isabelle Huppert : celle qui, au lit, empoigne Mauvaise journée, demain, recueil de nouvelles tragi-comiques de Dorothy Parker. C’est à peine visible à l’écran, ça n’est pas mentionné, mais ça en dit suffisamment sur le personnage incarné par Huppert.
Fitoussi s’écarte des clichés dans sa description du monde rural, quitte à aligner les clichés psychologiques. Il n’y a pas de mal, bien évidemment, à vouloir faire un film simple, familial et grand public, mais La Ritournelle nous semble trop paresseux pour y voir autre chose qu’une soupe tiède. Ni drôle, ni émouvant, La Ritournelle enchaine avec mollesse ses épisodes tous ratés, tombant à plat (le tour dans la grande roue), surjouant la poésie (Darroussin devant le spectacle de son fils), flirtant avec le rire involontaire (Huppert et Nyqvist dans un cabaret ringard) sans parler de scènes grossièrement écrites (le repas avec Marina Foïs, épais comme trois cuisses). A l’image d’une bande son hideuse qui enrobe en permanence l’action, le film surligne sans jamais laisser d’espace à cette échappée belle. Rempli de bonnes intentions, La Ritournelle n’est malheureusement, à une Huppert et une Agnès Godard près, pas si éloigné des productions télévisuelles fadasses de France Télévisions. Qui ne s’y est pas trompée puisque France 2 a co-produit ce film bientôt dans votre poste. Verrez-vous réellement la différence ?
