Revenge : A Love Story
Fuk sau che chi sei
Hong Kong, 2010
De Ching-Po Wong
Scénario : Lai-yin Leung, Ching-Po Wong
Avec : Juno Mak, Aoi Sola
Photo : Jimmy Wong
Musique : Dan Findlay
Durée : 1h30
Un tueur s’attaque aux femmes enceintes en les éventrant pour faire disparaitre le fœtus. Les enquêteurs découvrent avec horreur que ces femmes étaient en fait les épouses de deux collègues. Les inspecteurs arrêtent un jeune homme de 23 ans et réalisent qu’il se venge pour une affaire ayant eu lieu six mois auparavant...
LE SANG DES INNOCENTS
Voilà un titre un peu passe-partout qui mérite pourtant qu’on lui prête attention. Car Revenge : A Love Story n’est pas seulement un film de vengeance, ni une histoire d’amour, mais réussit le mini tour de force d’être les deux à la fois, sans qu’un de ces aspects ne vienne empiéter sur l’autre ou le rendre moins crédible. Ils s'agit pourtant d’un film noir, noir foncé même, si l’on en croit les toutes premières séquences à base de femmes enceintes mutilées et de fœtus volés. Et pourtant, passé ce postulat de départ d’une violence sauvage, le film parvient à évoluer de manière surprenante et classe. Tout d’abord grâce à une structure en flash-back assez habile, donnant à assembler peu à peu les pièces de cette histoire de vengeance, tout en lui fournissant l’indispensable dose d’implacable fatalité pour la rendre particulièrement impressionnante. Mais au-delà de cette très efficace mécanique, l’autre grande qualité du scénario ce sont ses personnages. Non seulement, comme dans toute bonne tragédie, chacun a des raisons d’agir comme il le fait, mais surtout chaque personnage est particulièrement crédible et attachant, de manière à rendre la partie histoire d’amour très réaliste. C’est là l’une des grandes réussites de Revenge : A Love Story : se permettre d’interrompre son engrenage de violence pour raconter l’histoire de jeune gens qui tombent amoureux l’un de l’autre, de parvenir en quelques courtes séquences à faire croire à cet amour naissant, et même le rendre émouvant, le temps d’une scène de carrousel aussi poétique qu’inattendue. Bravo au scénariste, mais aussi bien sûr bravo aux acteurs. Ces séquences à l’émotion inattendue noircissent évidemment encore plus la suite du film jusqu'à son dénouement et ne doivent pas faire oublier le nihilisme du scénario.
Impossible à sortir en Chine à cause (un peu) de ses quelques scènes de nudité et de violence sexuelle, ainsi (surtout) qu’à cause de ses personnages de flics corrompus, on espère que Revenge : A Love Story connaitra à l’international le succès et la reconnaissance qu’il mérite. Le long métrage possède en effet suffisamment de maitrise, de qualités et d’originalité pour lui valoir une sortie en salles chez nous (on croise les doigts). S’il faut le placer dans une filiation, elle est moins à chercher dans les productions hongkongaises que du coté de la Corée, notamment de ses récentes réussites J'ai rencontré le diable ou The Murderer. D’excellentes références face auxquelles Ching-Po Wong et son film n’ont absolument pas à rougir. Une révélation.