Revanche
Revanche
Autriche, 2007
De Götz Spielmann
Scénario : Götz Spielmann
Avec : Johannes Krisch, Andreas Lust, Irina Potapenko, Hanno Pöschl, Ursula Strauss, Hannes Thanheiser
Photo : Martin Gschlacht
Musique : Walter W. Cikan
Durée : 2h01
Sortie : 11/03/2009
Vienne, fin de l'été. Alex et Tamara sont amants. Tamara est prostituée dans un bordel, Alex est le garçon à tout faire du grand boss. Personne ne doit savoir qu'ils s'aiment. Ils veulent quitter cette vie mais manquent d'argent. Alex met donc au point un plan pour braquer une banque dans un petit village. Tamara insiste pour venir avec lui et tout se passe bien jusqu'à l'apparition d'un policier. Il tire sur la voiture des fuyards et touche Tamara qui mourra peut de temps après. Désespéré, Alex abandonne le corps et se réfugie chez son grand-père qui vit dans une ferme à l'orée des bois. Il est consumé par le chagrin et maudit chaque jour qui passe l'homme qui lui a enlevé la femme qu'il aimait. Un jour il rencontrer Susanne, une voisine de son grand-père, qui n'est autre que la femme de Robert, le policier qui a tué Tamara. Alex commence alors à échafauder un plan pour enfin se venger de lui.
QU'EST-CE QUE TU VAS FAIRE MAINTENANT?
C'est précédé d'une flatteuse réputation que Revanche débarque sur les écrans fraçais. Une réputation méritée pour cette fascinante chronique d'une vengeance annoncée. Le film débute sur le plan fixe du reflet d'une forêt dans l'eau d'un lac alors que les noms du générique se plaquent sur le haut de l'écran. Le reflet d'une sérénité brutalement interrompu par le jet d'une pierre venant bouleverser la surface de l'eau. Le montage interviendra avant le retour à la normale. Cette belle harmonie qui va être brisée s'affiche au plan suivant. Un homme, Robert, tond son gazon alors que sa femme, Susanne, prépare le déjeuner. Rien ne sera plus jamais comme avant pour eux. Impossible de rater le message avec le titre du métrage qui s'affiche plein écran dans les secondes qui suivent. Tout est annoncé en trois plans. S'ensuivront trois actes: la mise en situation, le deuil, la vengeance. Le réalisateur autrichien installe ses protagonistes et leurs situations respectives par petites touches. Tel un fin stratège il laisse deviner le drame à venir. Robert au stand de tir ou encore Alex conduisant une voiture dans la forêt suivi par la caméra, celle-ci lâchant soudain la poursuite pour s'arrêter devant une grand Christ sur le bord de la route. Conférant à cet endroit une importance stratégique dans l'histoire. C'est effectivement là qu'Alex abandonnera le corps de Tamara. Au cours du deuxième acte il dresse un parallèle entre le deuil d'Alex et celui de son grand-père. Les deux ont punaisé la photo de leur défunte sur un mur. Les deux n'arrivent pas à surmonter cette perte. Mais alors que le grand-père attend sereinement une mort qui le rapprochera de son aimée "qui l'attend", Alex est un lion enfermé dans sa douleur et son désir de vengeance. Cette photo ne fait que nourrir une rage que l'intense travail physique qu'il s'impose ne semble entamer. Et c'est cette même photo qui lors du troisième acte fera éclater la vérité. Götz Spielmann a également beaucoup joué sur la profondeur de champ pour situer les rapports des personnages entre eux. Ainsi, lors du dernier acte Alex confronte Robert au bord du lac et telle une chorégraphie réglée au dialogue près la dominance de la situation passe de l'un à l'autre d'une manière inattendue. Les deux commencent sur un pied d'égalité, puis Robert passe au premier plan, le jeu des perspectives le rend plus petit et donc sous la coupe d'Alex avant qu'il ne renverse la situation et qu'Alex ne se retrouve littéralement enfermé dans le cadre de Martin Gschlacht. Les jeux sont faits.