Return
États-Unis, 2011
De Liza Johnson
Scénario : Liza Johnson
Avec : Linda Cardellini, Michael Shannon, John Slattery
Photo : Anne Etheridge
Musique : T. Griffin
Durée : 1h37
De retour de son service militaire, Kelli se languit de retrouver son ancienne vie dans le village de la Rust Belt qu'elle a toujours connu. Elle est prête à retrouver les sensations de la vie quotidienne, le tapis sous ses pieds nus, l'odeur de son bébé. Mais, progressivement, son monde ne lui paraît plus familier. Ses amis l'aiment mais semblent préoccupés par de petits détails. Ses enfants ont besoin de plus d'attention qu'elle ne peut leur en donner, et même si son mari Mike tente de comprendre ce qu'elle a vécu, il n'y parvient pas. Alors que sa vie se disloque, avec des répercussions sur son environnement, Kelli est en passe de devenir une étrangère. Lorsqu'elle est rejetée et doit subvenir seule à ses besoins, Kelli doit se battre pour trouver un nouveau départ.
DE GUERRE LASSE
Nombreux sont les films américains qui ont traité, ces dernières années et quasiment en direct, des États-Unis en guerre, de la présence américaine, des motivations et des enjeux du conflit, ainsi, déjà, que du traumatisme. L'un des plus marquants a bien sûr été Démineurs, où Kathryn Bigelow, qui y a récolté un Oscar bien mérité, peignait le quotidien sous forte dose d'adrénaline de quelques soldats transformés en machines de guerre, revenus chez eux mais jamais vraiment, devenus accros au front comme à une drogue dure. Return se rapproche en ce sens du film de Bigelow, non pas parce que Liza Johnson, sa réalisatrice, est une femme, mais parce qu'il traite aussi de l'après, cette tentative de retour à la vie et ce qu'elle implique. La guerre, contrairement à Démineurs, reste hors champ chez Johnson, des choses militaires, on ne voit que la couleur de l'uniforme, on s'arrête aux portes de l'aéroport. Ce hors champ est pourtant partout à l'écran, et pèse sur son héroïne incarnée de façon convaincante par Linda Cardellini (qu'on a vue notamment sous les traits de Vera dans les adaptations de Scooby-Doo, on salue le grand écart).
Alors qu'elle insiste pour minimiser ce qu'elle a vécu, répétant à qui mieux mieux que d'autres "ont connu pire", comme une façon de faire glisser le souvenir entêtant sous le tapis, Kelli ne semble pas se faire à ce retour, déconnectée de son mari, défaite au travail, en quête de sens. L'écriture, qui s'installe peut-être trop rapidement sur de prévisibles rails, retrouve de l'intérêt lors d'un rebondissement qui insuffle à nouveau une certaine urgence au propos, donnant un double sens au titre, amplifiant la puissance dramatique des enjeux, de ce cruel crépuscule dans cette Rust Belt désolée comme décor rouillé. Liza Johnson cite des films comme Safe, Une femme sous influence ou encore Taxi Driver comme influences. Return est encore trop appliqué, manque un peu d'aspérité, de personnalité (à l'image d'une mise en scène Sundance dont la sobriété côtoie parfois la transparence), pour jouer dans la même catégorie que ses glorieux modèles. Return a la réussite modeste mais réelle néanmoins.