Resident Evil
États-Unis, 2002
De Paul W.S. Anderson
Scénario : Paul W.S. Anderson
Avec : Milla Jovovich, Eric Mabius, Marisol Nichols, James Purefoy, Michelle Rodriguez, Colin Salmon
Durée : 1h41
Sortie : 03/04/2002
Si on devait donner l'intérêt principal voire capital d'un jeu vidéo, si on devait nommer l'essence même de ce concept, quel serait-il? L'interactivité, sans doute. Ce qui passionne tout joueur de jeu vidéo, quel qu'il soit, c'est ce pouvoir d'intégrer un univers, d'en être le protagoniste. C'est pourquoi on a souvent entendu dire qu'il n'était pas pertinent d'adapter un jeu vidéo en film car on en perdait l'intérêt principal, on perdait l'interactivité. La seule solution pour une adaptation fidèle et réussie serait de parvenir à recréer l'univers du jeu à l'écran et à identifier le spectateur aux personnages. Si le public n'est pas plongé dans le film, on perd immédiatement le minimum d'interactivité qui pouvait rester de la retranscription du jeu
L'une des particularités principales du jeu vidéo Resident Evil, et aussi l'une des raisons de son succès, c'est sa capacité à introduire tout joueur dans une atmosphère réellement effrayante. C'est simple: on joue, on a peur. On a peur pour sa vie. Les zombies pointent à chaque coin de rue, on ne les voit parfois pas débarquer du coin de l'écran, les bras tendus devant eux, prêts à vous agripper. Cette constante tension qu'on ressent en jouant à Resident Evil était probablement le plus important des éléments à respecter lors de l'adaptation. Ce n'est pourtant pas le cas ici. Paul Anderson a préféré opter pour le film d'action bourrin, où les dobermans sont là pour se prendre des kicks martiaux et les zombies des rafales de mitraillette, sans oublier les coups de hache par-ci par là!
L'univers est bien retranscrit: le manoir/laboratoire, les chiens mutants, les zombies, le gros monstre louche...Cependant, le stress et l'intensité qui faisaient la spécificité efficace du jeu sont ici remplacés par de vulgaires scènes d'action molles et ratées, sur de la musique hard ou techno. Anderson tombe ici dans ses pires travers. Il avait autrefois réalisé l'adaptation d'un autre jeu, Mortal Kombat, qui lui pouvait se permettre d'enchaîner les séquences de tatanes pures accompagnées de morceaux de musique bovine. C'était presque une réussite que d'avoir écrit un scénario tenant plus ou moins la route à partir d'un jeu avec si peu de potentiel (un jeu de combat), alors qu'ici il aurait été plus judicieux de prendre la voie du thriller d'épouvante plutôt que celui du slasher déguisé en film d'action banal. Anderson est pourtant le réalisateur d'un très bon film de ce genre-là justement, l'injustement méconnu Event Horizon. Petit film d'épouvante très classique mais très efficace, mêlant horreur et science-fiction, Event Horizon baignait dans le sang et dans une ambiance malsaine et réellement dérangeante, même carrément flippante. Ce qui est de plus en plus rare de nos jours. Surtout ici, où pas une goutte de sang (ou presque) n'est versée.
Pas une goutte d'encre non plus, aurait-on envie de dire, vu la pauvreté du scénario, et deux suites sont pourtant prévues si le film marche comme il faut. Ces suites seront des adaptations directes des jeux de la franchise, ce premier opus étant censé précéder le tout premier jeu. Cela ne nous laisse cependant pas plus d'espoir. Après Tomb Raider, l'été dernier, cette nouvelle adaptation de jeu vidéo s'avère encore plus décevante!