Requiem

Requiem
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Requiem
Requiem
Allemagne, 2006
De Hans-Christian Schmid
Scénario : Bernd Lange
Avec : Friederike Adolph, Anna Blomeier, Sandra Hüller, Burghart Klaussner, Imogen Kogge
Durée : 1h33
Sortie : 13/12/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Elevée dans un milieu catholique et bourgeois, Michaela quitte la maison familiale pour partir suivre des études à Tübingen. La jeune fille goûte à cette liberté nouvelle, mais bientôt des phénomènes étranges se produisent. Elle a l'impression d'entendre des voix, et s'imagine qu'elle est possédée par des démons.

ENFER DOMESTIQUE EN APPROCHE RAPIDE

Sur Hans-Christian Schmid, la France accuse un bon train de retard. De sa filmographie, seul Au loin les lumières, film choral impressionnant de maîtrise, est pour l'instant sorti sur notre territoire — passant hélas globalement inaperçu. La sortie ce jour de Requiem est donc l'occasion d'attirer l'attention sur l'un des auteurs, à notre goût pas suffisamment estimé, de ce mouvement qu'un réflexe critique, qu'il conviendrait de préciser (FilmDeCulte y reviendra dans quelques semaines), a étiqueté comme la nouvelle vague allemande. Contrairement à ses congénères Ulrich Köhler (Montag) ou Matthias Luthardt (Pingpong, dont nous reparlerons en janvier, lors de sa sortie), qui aiment à réduire le tissu fictionnel pour se concentrer sur l'effet du déplacement des corps dans un espace (décor, cadre) donné, Schmid se distingue par un attachement, sans doute moins moderne mais pas moins ambitieux, à une narration solide et souvent fleuve, n'hésitant pas à faire du pied au romanesque. Requiem en témoigne qui, s'emparant d'un sujet pour le moins casse-gueule (une affaire de possession, dont on soupçonne qu'avant tout elle relève de la psychiatrie), lui trouve un angle d'approche inattendu et y fonce jusqu'à risquer la rupture.

D'un postulat dramatique téméraire, mais tenté par le grand-guignol et les clichés (L'Exorciste est bien sûr passé par là), Schmid s'accommode brillamment, par l'élégance et le dynamisme de sa mise en scène, caméra à l'épaule mais toujours lisible — le cadre est exemplaire, qui fragmente l'espace et les corps selon des règles d'échelle limpides (voyez l'épatante séquence de boîte de nuit pour vous en convaincre) —, montrant souvent mais ne surlignant jamais, exploitant les ressources du montage pour suggérer beaucoup et éviter le pathos, et coupant ses scènes avec une acuité elliptique brutale, qui tient en éveil. Autre atout immense dans la manche du cinéaste, l'actrice Sandra Hüller, révélation immédiate, qui compense, par ses subtilités de jeu, les quelques enlisements du récit (un peu de surplace à mi-parcours et une résolution à moitié convaincante, car sans doute trop précipitée). Tout comme les personnages d'Au loin les lumières échappaient à la facilité chorale d'une humanité larmoyante forcée, Sandra/Michaela livre en effet à son enfer domestique (famille étouffante, puritanisme exacerbé) une performance vive et sensible, qui, à l'image du film, mesuré et élégant, jamais ne vire à l'hystérie. C'est cette pondération dans l'intensité, beau paradoxe, qui fait la grâce de ce Requiem.

par Guillaume Massart

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