René
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France, 2002
De Alain Cavalier
Scénario : Alain Cavalier
Avec : Emmanuelle Grandcamp, Nathalie Grandcamp, Joël Lefrançois, Nathalie Malbranche
Durée : 1h25
Sortie : 04/12/2002
René pèse 155 kilos. Il décide de maigrir.
L'idée du dernier opus d'Alain Cavalier ne naît que d'une chose: le corps, énorme, de Joel Lefrançois, acteur de théâtre et ami du réalisateur. Certains se souviennent de lui qui, il y a quinze ans, soignait Thérèse dans le film du même nom. Depuis, Joel Lefrançois a grossi et est devenu René, colosse souriant qui anime des spectacles pour enfants. C'est la première fois depuis Libera Me en 1993, que Cavalier signe un film véritablement "narratif" (La Rencontre et Vies étaient plus proches de l'expérimental, surtout le premier). Et ses principes n'ont pas changé: une fois encore, la lisière entre fiction et réalité est ténue. Joël est René. René est Joël. Les spectacles qu'on voit sont les siens, ses amis sont là, lorsqu'il se bourre la gueule, oui, il se bourre la gueule. Comme dans le sublime Martin et Léa, Lefrançois devrait presque être crédité comme co-scénariste. Alain Cavalier le suit, le filmant week-end après week-end, en modifiant le scénario à mesure que des évènements surviennent. La narration est directe, franche, sans détours.
Alain Cavalier, après un long cheminement, semble être arrivé depuis une petite décennie à une certaine forme d'ascèse filmique. L'inutile a disparu, le superflu a été évincé; et si René n'est pas aussi "absolu" que ne l'était par exemple La Rencontre, il est aussi plus simple, plus accessible. On l'a dit plus haut, on croit redécouvrir Martin et Léa: encore une fois la même candeur face à son sujet, le même désir de montrer les gens tels qu'ils sont, le même recours aux ellipses lapidaires mais riches de sens. René maigrit, il change, il s'allège, en même temps que Cavalier dépouille son dispositif. Le prochain film d'Alain Cavalier va tourner autour de Chartres et de sa cathédrale. Un pas de plus vers l'élévation.
