Renaissance
France, 2006
De Christian Volckman
Scénario : Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Alexandre de La Patellière
Avec : Marc Alfos, Laura Blanc, Marc Cassot, Bruno Choel, Gabriel Ledoze, Virginie Mery
Durée : 1h45
Sortie : 15/03/2006
Brillante chercheuse au sein d’Avalon, une entreprise de cosmétique, Ilona Tasuiev est mystérieusement enlevée. L’intransigeant Karas, flic aux méthodes expéditives, part à sa recherche. Il est aidé par la propre sœur d’Ilona, Bislane.
METROPOLIS 2054
Le cinéma d’animation français relève le défi. Après les excellentes Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet et avant la très attendue série Peur(s) du noir, l’hexagone affiche avec Renaissance sa volonté de proposer une autre voie à la 3D, loin des délires ludiques et enfantins des studio Disney et DreamWorks. Grande BD adulte qui puise son univers dans la grande matrice de la science-fiction d’anticipation, de Blade Runner à Akira en passant par Ghost in the Shell, Renaissance, sans être totalement abouti sur le plan narratif, impressionne par sa beauté formelle et sa maîtrise graphique. Ville-musée magnifiée par un noir et blanc évoquant Sin City, Paris est la véritable héroïne du film. Christian Volckman la filme et l’imagine sous toutes les facettes et signe un incroyable précis architectural à la gloire de la capitale, inspiré de Fritz Lang et des dessins de François Schuiten (Les Cités obscures). Le meilleur de Renaissance tient dans les séquences de pure abstraction, sans parole ni personnage animé, au sein de la ville lumière et dans ses entrailles de verre et d’acier, noyées sous la pluie.
SCIENCE SANS CONSCIENCE
Si le film brille par ses qualités plastiques, Volckman n’a pas oublié l’histoire. Bien sûr, on retrouve au programme de ce polar high-tech des éléments communs à de nombreux essais du genre, de la quête de l’immortalité au couplet classique sur les dangers de la science. Les dialogues, souvent trop écrits et sur-signifiants, sont le point faible d’une intrigue très prévisible dans son déroulement, mais audacieuse quant à son dénouement. Quelques morceaux de bravoure viennent rythmer un récit qui fonctionne par des points de passage obligés, comme une structure scénaristique de jeu vidéo. La poursuite sur les quais de Seine et qui s’achève sur le parvis de Notre-Dame démontre, si besoin est, la virtuosité et la méticulosité du cinéaste. De toute évidence, Renaissance manque d’un peu d’aspérité et de souffle pour s’imposer comme un classique. Si le personnage de l’enquêteur est très bien saisi, les deux sœurs Tasuiev sont des jolies poupées sans âme et sans avis dont le sort nous préoccupe peu. Mais ne boudons pas notre plaisir et fêtons comme il se doit cette belle réussite made in France.