Remington and the Curse of the Zombadings

Remington and the Curse of the Zombadings
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Remington and the Curse of the Zombadings
Zombadings 1: Patayin Sa Shokot Si Remington
Philippines, 2012
De Jade Castro
Scénario : Jade Castro, Michiko Yamamoto
Durée : 1h36
Note FilmDeCulte : *****-
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Remington est le macho par excellence. Mais lorsqu’il rencontre la belle Hannah, il devient soudainement plus raffiné, plus gentil et plus sensible. Les charmes de la jeune fille seraient-ils à l’origine de ces changements ? Mais alors, comment expliquer qu’en compagnie de son meilleur ami Jigs, son coeur se mette à battre frénétiquement au rythme de déhanchés incontrôlables? Pour trouver des réponses, Remington va devoir affronter une malédiction qui le poursuit depuis l’enfance et un tueur en série parti en croisade contre les gays. Avec l’aide d’Hannah, de Jigs et d’une poignée d’amis hauts en couleurs, Remington va élucider le mystère qui entoure les meurtres, les esprits, les malédictions et les zombies gays qui parcourent les rues.

DUR A QUEER

A priori, quoi de plus familier qu’un film mettant en scène une invasion de zombies ? Si le genre a certes déjà été traité à la sauce comédie ou parodique, c’est une version inédite, à la fois transgenre et décomplexée que nous propose Remington and the Curse of the Zombadings. Un joyeux ovni où les morts-vivants en question ne sont qu’un élément dans ce qui ressemble à une pièce montée concoctée pour le mariage d’une drag-queen. Ce qui est évidemment un compliment. Comme dans toute bonne comédie queer qui se respecte, les personnages transgenres sont à la fois marginaux et supérieurs. Objets de moquerie mais surtout de désir, sorcières en perruques cheap capables de lancer des malédictions entre deux imitations de Diana Ross, les Bakla sont au cœur de tous les enjeux de cette enquête policio-fantastico-zinzin, où le moindre sèche-cheveux ou foulard rose peut s’avérer funeste.

Une petite notule sociologique n’est pas superflue pour apprécier le scénario dans ses nuances. Dans la langue Tagalog, le terme Bakla (sans réel équivalent chez nous) ne désigne pas tous les homosexuels mais un groupe plus précis : des hommes très féminins, parfois travestis, tolérés en marge de la société comme une sorte de troisième sexe. Un homme à priori hétérosexuel ne sera donc pas forcément considéré comme homo ou bi s’il couche avec un Bakla. Maintenant que les présentations sont faites, il ne reste qu’à apprécier la joyeuse folie du film où effectivement, personne ne semble plus vraiment hétéro (des ados bourrins aux femmes flics butch et complètement à l’ouest). Ce n’est pas tant la profusion de situations queer qui donne à Remington cette joyeuseté contagieuse, mais plutôt le fait que tout cela soit aussi décomplexé. Le réalisme social n’est évidemment pas en haut du cahier des charges ici, mais quel souffle d’air frais (cinématographiquement comme moralement) que de voir un univers où un hétéro qui annonce qu’il couche avec de travestis est un non-événement total pour ses proches, et où un petit garçon peut rêver de s’habiller en femme. Sur ce point, le décalage culturel laisse un peu pantois et rêveur.

Pour revenir à la leçon de linguistique : le titre du film provient de l’association de zombie et du terme Bading, synonyme de Bakla. Et voir ces cadavres ressemblant à de grossiers sosies de Janet Jackson se lever de terre pour se venger vaut effectivement son pesant de cacahouètes. Car Remington and the Curse of the Zombadings possède en héritage la tradition des séries B philippines, bricolages bancals à la mise en scène parfois hésitante mais à la vitalité et l’enthousiasme contagieux. Mais attention, Remington… n’est pas un nanar pour autant. Réduire l’humour queer à cela serait condescendant. C’est un film fou et folle à la fois, et qui s’assume comme tel avec un fier premier degré, quitte à déboussoler un public pas forcément habitué. Félicitations au Festival de Gérardmer de proposer une telle vision du film de genre, à la fois vivante, personnelle et sortant des sentiers battus, et de ne pas l’avoir parqué hors-compétition !

par Gregory Coutaut

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