La Reine des neiges
Frozen
États-Unis, 2013
De Chris Buck, Jennifer Lee
Scénario : Jennifer Lee
Avec : Kristen Bell
Musique : Christophe Beck
Durée : 1h42
Sortie : 04/12/2013
Anna, une jeune fille aussi audacieuse qu’optimiste, se lance dans un incroyable voyage en compagnie de Kristoff, un montagnard expérimenté, et de son fidèle renne, Sven à la recherche de sa sœur, Elsa, la Reine des Neiges qui a plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver éternel… En chemin, ils vont rencontrer de mystérieux trolls et un drôle de bonhomme de neige nommé Olaf, braver les conditions extrêmes des sommets escarpés et glacés, et affronter la magie qui les guette à chaque pas.
LET IT SNOW
Une version de ce projet existe chez Disney depuis les années 40 et a failli voir le jour pour de bon lors de la Renaissance du studio dans les années 90. Ces origines se ressentent assez dans le résultat final, quelque part entre le classicisme des débuts avec ses princesses les plus célèbres et le renouveau musical façon Broadway de la période Katzenberg. Ajoutez à cela une bonne dose de modernité, tant dans le fond que dans la forme, avec ces images de synthèse qui, à l'instar de Raiponce, gardent le meilleur de l'animation traditionnelle et l'utilisation plutôt épique du Scope, et vous obtenez une franche réussite. Librement inspiré du conte d'Andersen, La Reine des neiges tisse une histoire originale axée autour de deux sœurs, l'une qui embrasse la vie à pleines dents et l'autre que l'on a enfermée dans la peur. Tout ce qui touche à l'arc de ces deux personnages est particulièrement réussi. Non seulement elles sont celles qui bénéficient des meilleures chansons - on retiendra en particulier le gros morceau central, "Let It Go", certainement ce que le studio a sorti de plus puissant depuis Tarzan (co-réalisé d'ailleurs par Chris Buck) - mais surtout, c'est leur caractérisation et leur parcours qui permettent au film de revisiter certains archétypes du genre pour mieux les détourner ou pour servir un propos assez fort sur la place de la femme dans la société.
En effet, on apprend depuis sa plus tendre enfance à Elsa à cacher son pouvoir, qu'elle ne contrôle pas, parce que les gens ne l'accepteraient pas. Un pouvoir qui finit par exploser dans le numéro sus-mentionné propice aux interprétations (sexualité? homosexualité? le personnage n'a de cesse de se répéter ce que lui ont instruit ses parents : "Hide your feelings"). C'est cette peur de l'inadaptation sociale qui la condamne à avoir un cœur de glace, faisant d'elle une méchante atypique, pas vraiment une méchante d'ailleurs, dans le canon Disney. C'est pourquoi il est regrettable que, le reste du temps, l'écriture se fasse beaucoup plus conventionnelle. Si la trame des deux héroïnes permet au film de circonvenir les histoires d'amour traditionnelles pour une histoire d'amour fraternelle, se jouant de la figure du Prince Charmant, l'intrigue principale retombe quelque peu dans ce piège, avec un méchant (et son plan) peu intéressant. Et si le film se targue de transmettre à son jeune public une thématique "girl power" saine, il n'évite pas les concessions à ce même public pour tout ce qui est de l'humour. Le protagoniste, dans sa maladresse et sa joie de vivre, est déjà drôle, pas besoin de rajouter un sidekick comique, même s'il n'est pas complètement à jeter. Néanmoins, le film s'envole par moments, comme lors de cette introduction presque hors sujet qui pose le décor de façon assurée et grandiloquente, ou durant la chanson qui illustre le passage de l'enfance à l'âge adulte des deux sœurs - un exemple de storytelling en tableaux somptueux. Dans ces séquences, La Reine des neiges se hisse au niveau des meilleurs films d'animation de la firme.
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