Recrue (La)

Recrue (La)
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Recrue (La)
The Recruit
États-Unis, 2003
De Roger Donaldson
Scénario : Mitch Glazer, Roger Towne, Kurt Wimmer
Avec : Colin Farrell, Bridget Moynahan, Al Pacino
Durée : 1h55
Sortie : 11/06/2003
Note FilmDeCulte : ****--

James Clayton, jeune homme brillant et rusé, est repéré par Walter Burke, vétéran de la CIA. Ce dernier va l'initier aux us et coutumes d'une organisation que James va tenter d'intégrer...

TU SERAS UN HOMME, MON FILS

Depuis maintenant nombre d'années, Roger Donaldson use de son savoir-faire pour produire des séries B dans lesquelles la personnalité de leur auteur n'apparaît pas outrageusement, mais où l'efficacité est parfois au rendez-vous (La Mutante, film imparfait mais très divertissant, en est un bon et récent exemple). La Recrue fait partie de ces spectacles carrés sans supplément d'âme mais dont les rouages bienheureux résident aussi dans l'humilité du metteur en scène. Ici, la parole est avant tout aux acteurs, le film faisant ainsi la part belle au duo Pacino/Farrell. Dans ce thriller initiatique dont les contours peuvent rappeler le funeste Spy Game, le charisme magnétique des deux hommes fournit au film une bonne partie de son intérêt et de son énergie. L'un dans une figure patriarcale assez balisée, mais à laquelle Pacino confère son aisance et sa grandeur, l'autre dans un rôle moins immédiatement identifiable d'élève doué, incarné par Farrell. La leçon d'espionnage devient leçon de cinéma: Al Pacino, théâtreux expérimenté et produit haut de gamme de l'Actor's Studio, face à Colin Farrell, talent brut de chien fou irlandais.

La règle est énoncée par le maître Pacino: "Tout sert de test". Farrell-Clayton est le jeune montant qui doit faire ses preuves devant Pacino-Burke, qui se définit comme un "scary judge of talent". La phase initiatique est donc double: l'affranchissement d'une figure patriarcale de substitution comme récit explicite de La Recrue couvre une représentation du milieu de l'espionnage comme hollywoodien, avec ses acteurs, ses décors, et une caméra discrète qui se penche sur un passage de flambeau entre deux générations. Néanmoins, l'intérêt se dilue dans l'exploitation usée jusqu'à la corde du jeu d'illusion: à l'image d'un Clayton désabusé, La Recrue disperse de son intensité dans ses retournements quelque peu mécaniques. Paradoxalement, il demeure dans ce produit très calibré une légère impression de rarement vu, grâce à une description minutieuse de la naissance d'un agent secret. De quoi apporter un piment un peu plus singulier à un film en léger manque de panache, si ce n'est celui de ses deux brillants interprètes principaux, piliers en béton dans un monde d'illusions. C'est avant tout leur relation qui insuffle sa vitalité au long-métrage.

par Nicolas Bardot

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