Rec
Espagne, 2007
De Jaume Balagueró, Paco Plaza
Scénario : Jaume Balagueró, Luis A. Berdejo, Paco Plaza
Avec : Vincente Gil, Carlos Lasarte, Pablo Rosso, Ferrán Terraza, Manuela Velasco, Jorge Yamam
Photo : Pablo Rosso
Durée : 1h20
Sortie : 23/04/2008
Angela est journaliste pour une télévision locale. Accompagnée de son caméraman, elle relate le quotidien de ceux qui travaillent la nuit. Ce soir, elle est dans une caserne de pompiers. La nuit est calme, aucune urgence. Jusqu'au coup de fil d'une vieille dame qui réclame du secours. Le tandem suit les pompiers et découvre en arrivant sur place des voisins très inquiets. D'horribles cris ont été entendus dans l'appartement de la vieille dame. Angela perçoit la tension des habitants, son reportage devrait enfin sortir de la routine… elle n'imagine même pas à quel point!
PRIMAL FEAR
C'est désormais officiel, définitif et catégorique, l'Espagne est LE pays de l'horreur. Et pour les quelques récalcitrants qui en douteraient encore un peu, Rec terminera de faire pencher la balance car la contrée ibérique, qui nous a déjà donné des noms prestigieux comme Amenabar, Plaza, Balagueró, Fresnadillo, Cerda, De La Iglesia, Bayona… vient d'accoucher de sa toute dernière pépite. Film de terreur comme rarement on en a vu et vécu de mémoire de spectateur, le bébé de Balagueró (La Secte sans nom, Darkness, Fragile) et Plaza (Les Enfants d'Abraham, Romasanta) vient juste se placer aux côtés de films comme L'Exorciste en matière d’effroi pur et de tension immédiate et ultra efficace. D'un premier degré à toute épreuve, les réactions qui nous ont été montrées lors du fameux teaser choc arrivent réellement. Impossible d'échapper aux réflexes forts, et même les observateurs les plus aguerris et les plus blasés par les artifices et autres astuces de sursaut n'y échapperont pas. Pourtant les deux réalisateurs n'inventent rien et se contentent de recyclage. Mais la force du métrage est de placer le spectateur au cœur de l'action, en témoin direct, et de le laisser participer aux événements horrifiques malgré lui grâce à cette caméra subjective qui joue si bien des codes de la réalité et qui vient réveiller en lui une horreur viscérale, faisant appel à ses instincts de survie et à ses réflexes de protection sensitifs, dans une rage et une puissance hargneuse sans égal. Quand est-ce que vous avez eu peur au cinéma pour la dernière fois ?
SOURIEZ, VOUS ETES FILMES !
Imaginez un instant que la sorcière de Blair ait fait alliance avec les infectés de Danny Boyle et Juan Carlos Fresnadillo et que tout se beau monde se soit donné rendez-vous dans un hôtel en quarantaine façon maison hantée, sans issue, avec apparition fantomatique à la clé. Ajoutez à cela un scénario horrifique dans la plus pure tradition des 70's et une narration à l’opposé du récit classique, en temps réel, sans possibilité d'arrêter ou de manipuler l'image, sans tricherie aucune. Si en plus cette caméra de reportage, qui justifie pleinement le cahier des charges là ou Le Projet Blair Witch échouait à légitimer son effet, ouvre le film à la manière des frères Naudet lors de leur tristement célèbre reportage sur les événements du 11 Septembre, fait profiter l'assemblée du mouvement de panique général qui s'amplifie au fur et à mesure que du quotidien surgit l'horreur, ne donnant aucune explication ni justification et rentrant dans le lard de la manière la plus efficace qui soit, on obtient un premier degré de rigueur et sans artifice, une forme de cinéma qui vous prend aux tripes et vous tord les cinq sens en vous rendant à la liberté lessivé. Et malgré la sensation de tournage "à l'arrache" en équipe réduite, tout apparaît comme maîtrisé, et ce depuis une intro choc qui prend juste le temps de se calmer un court instant pour ne plus lâcher prise par la suite. En quelques mots, Rec devient la nouvelle référence en matière de cinéma d’angoisse. Éprouvant, physique et fatal, il faudra du temps, et du talent pour un jour arriver à faire mieux, ou du moins égaler une telle performance. Et les prix du jury, du jury jeune et du public pour l'édition 2008 de Gérardmer sont là pour nous le rappeler.