Rebelle
Canada, 2012
De Kim Nguyen
Scénario : Kim Nguyen
Durée : 1h30
Sortie : 28/11/2012
Komona, une jeune Africaine de 14 ans, raconte sa vie à l’enfant qu’elle porte : depuis son enlèvement par une armée rebelle trois ans plus tôt jusqu’aux fréquentes apparitions des fantômes de ceux qu’elle a tués, en passant par le garçon qu’elle aime, Magicien, un albinos de 15 ans.
LA PETITE FILLE ET LA MORT
Le malentendu est double concernant Rebelle. Triple même, si l’on remarque que cette traduction française du titre War Witch est le même que le nouveau film d’animation Pixar. Les deux films étant projetés au Festival Paris Cinéma, le quiproquo à valu quelques surprises à certains spectateurs. La vraie méprise tient plutôt à la manière dont le long métrage a jusqu’ici été vendu. L’étiquette du « film coup de poing » et « film dossier » au sujet fort (les enfants soldats en Afrique) est un peu survendue par rapport au ton étonnamment apaisé que celui-ci adopte parfois. De plus la piste fantastique parfois évoquée (l’héroïne a des visions) a elle aussi été exagérée, au point de laisser espérer un lien entre cette rebelle-là et la gamine hallucinée des Bêtes du sud sauvage (grand film onirico-social découvert cette année à Cannes et Sundance).
Or Rebelle n’est ni un conte merveilleux, ni La Cité de Dieu déplacée au Congo. C’est même au contraire dans ses scènes les plus réalistes et triviales, quand l’héroïne laisse tomber sa kalachnikov et s’éloigne des combats, que le film devient le plus intéressant. Tout le reste est hélas alourdi par ce qui est toujours une fausse bonne idée, l’ennemi mortel de la légèreté : la voix off. Celle de l’héroïne nous racontant son histoire est ici aussi omniprésente que redondante, et prouve surtout une chose : que le film préfère dire plutôt que montrer. Car cette voix n’a rien à nous dire que l’on ne voit pas déjà à l’image, et vice-versa. Comme si Kim Nguyen ne faisait pas assez confiance à ses images (il est vrai, filmées sans génie particulier) pour les dispenser de leur livret explicatif. Or c’est justement lorsque Komona se tait enfin qu’elle commence à devenir intéressante, le temps de quelques séquences à priori banales (telle une course après un coq, une visite au village, un amour naissant), mais bien plus vivantes que les autres.
C’est en cela que le film rappelle Le Secret de Chanda d’Oliver Schmitz. C’est en oubliant son sujet qu’il décolle, c’est lorsqu'il cesse de faire de son personnage principal un symbole que celui-ci prend enfin vie. Dommage que cela ne s’applique qu’au milieu du film, qui commence et se termine sur son aspect le moins convaincant. Quant à la piste fantastique, elle est hélas sous-exploitée, et la poésie de ces visions est rapidement abandonnée. Nguyen semble clairement plus à l’aise dans une posture plus naturaliste, et c’est aussi là où il convainc le plus.