Rango
États-Unis, 2010
De Gore Verbinski
Scénario : John Logan
Avec : Abigail Breslin, Johnny Depp
Musique : Hans Zimmer
Durée : 1h47
Sortie : 23/03/2011
Le voyage d’un caméléon solitaire à travers l’immensité du désert Mojave. Rango, lézard acteur qui a toujours voulu être un héros, a trouvé un public qui en aurait bien besoin, il prétend être un homme de loi dans une ville desséchée appelée “DIRT”...
RENGAINE
Il est assez admirable de voir tous ces réalisateurs de longs métrages live s'intéresser à l'animation, qu'il s'agisse d'animation pure (Le Royaume de Ga'Hoole, Rango) ou de performance-capture (les trois derniers films de Robert Zemeckis, Tintin). S'ils réitèrent l'expérience, peut-être Zack Snyder et Gore Verbinski s'en sortiront mieux la prochaine fois. Leurs débuts souffrent un peu du même souci que la première excursion de Zemeckis dans ce registre. A l'instar du Pôle Express, Le Royaume de Ga'Hoole, et donc à présent Rango, sont des films qui essaient de pousser plus loin le photoréalisme du design mais demeurent handicapés par une écriture trop conventionnelle. Ainsi le film de Verbinski présente peu ou prou les mêmes réussites et les mêmes défauts que celui de Snyder. Visuellement, l'objet est indéniablement des plus classe. Le réalisateur ne désire pas éviter l'anthropomorphisme (contrairement à ce qu'avait tenté Snyder) mais n'hésite pas à conserver les aspects les plus répugnants des animaux qu'il prend en guise de héros : rongeurs, reptiles, et autres bestioles pas foncièrement ragoûtantes. Cette volonté de ne pas donner dans une approche toute "mimi" de film d'animation s'avère plutôt couillue. D'autant plus que l'animation est vraiment au top niveau. Derrière les 1 et les 0, on ne retrouve ni Disney, ni Pixar, ni Dreamworks, ni Blu Sky, ici la compagnie qui se charge de l'animation s'appelle...ILM. C'est la première fois que la boîte de George Lucas, spécialiste des effets spéciaux, s'engage à créer un long métrage d'animation et force est de constater que le résultat est assez irréprochable. Même les quelques rares visages humains que l'on voit, certes caricaturaux, sont impressionnants.
De plus, une nouvelle fois après Wall-E et Dragons, Roger Deakins, directeur de la photographie attitré des frères Coen, est venu servir de consultant. Le pedigree de l'équipe technique allié à la mise en scène en hommage aux vistas de western et l'action épique de Verbinski achèvent de donner à l'œuvre une vraie dimension de film en prises de vues réelles. Il y a du niveau, comme on dit. Malheureusement, on ne saurait en dire autant du scénario à l'intrigue trop classique (et à peu de choses près identique à celle de 1001 pattes), blindée de séquences à gags cartoonesques vus et revus (cf. l'introduction sur la route un peu pénible dans le genre "montagnes russes" sans grand intérêt). Le film aurait mérité d'être plus souvent à l'image de ses quelques passages surréalistes, assez amusants et originaux. D'autant plus que cela semble travailler l'auteur (cf. les séquences situées dans l'au-delà dans le troisième Pirates des Caraïbes). On aurait même apprécié davantage de vraies scènes d'action, comme celle dans le canyon. Bien qu'il ait l'apparence d'un caméléon, Depp ne s'adapte pas vraiment au personnage et nous ressort son jeu de loufoque maladroit un peu gogol pour la énième fois en 15 ans. De par son "invisibilité" à l'écran, la pilule passe mieux. Le casting de voix colle assez au casting de gueules mais il manque de vrais personnages secondaires intéressants. En somme, Rango n'est pas dénué de qualités mais l'ensemble reste trop basique et tient principalement grâce à son visuel.