Qui a peur de Vagina Wolf ?

Qui a peur de Vagina Wolf ?
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Qui a peur de Vagina Wolf ?
Who's Afraid of Vagina Wolf ?
États-Unis, 2013
De Anna Margarita Albelo
Scénario : Anna Margarita Albelo
Durée : 1h25
Sortie : 19/03/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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Le jour de ses 40 ans, Anna décide que sa vie doit changer ! Jet-setteuse excentrique et artiste iconoclaste, elle vit aujourd’hui dans le garage d’une amie à Los Angeles. Sa carrière de cinéaste est en panne sèche et sa vie sentimentale inexistante. Quelque chose doit changer… Maintenant ! C’est la rencontre avec la belle Katia qui va pousser Anna à réaliser ses rêves les plus fous : trouver l’amour, perdre 20 kg et réaliser un remake underground lesbien de « Who’s afraid of Virginia Woolf ? »

LA CHATTE SOUS UN TOIT BRULANT

A l’origine de Qui a peur de Vagina Wolf, il y a d’abord la personnalité haute en couleur de sa réalisatrice, Anna Margarita Albelo. Auteur de plusieurs court-métrages (dont un avec Sheila !) et de documentaires aux noms fantastiques (A lez in Wonderland, rebaptisé en français… Broute-minou à Palm Springs), avec un pied dans le queer décomplexé, un pied dans le do it yourself (elle est également DJ sous le pseudo « La Chocha » - c’est-à-dire « La Chatte »), et les deux en plein dans la cinéphilie. Elle joue ici également le rôle principal, rôle quasi autobiographique de réalisatrice gentiment loseuse et larguée, cherchant à tourner un long-métrage avec trois bouts de ficelle dans son mini garage, enchainant les cocktails dans son costume de vagin géant.

Et puis il y a bien sûr Qui a peur de Virginia Woolf ?, la pièce choc d’Edward Albee, et sa fameuse adaptation oscarisée avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. Une pièce déjà pas banale : huis-clos étouffant montrant la relation acide et cinglante chez un vieux couple à la fois pathétique et flamboyant. Il a souvent été dit de la pièce d’Albee qu’elle était déjà à la base (comprendre : même sans Elizabeth Taylor) éminemment camp, et ce même si elle ne comporte aucun personnage homosexuel. Cette dimension réside dans le personnage clé de Martha, vieille diva alcoolique et vulgaire dont on peut légitimement se demander sur le papier s’il ne s’agit pas franchement d’un homme travesti. Anna Margarita Albelo a déjà sans doute bien digéré tout cela, car elle rajoute même une couche queer en s’imaginant réaliser une version lesbienne de cette histoire, où tous les personnages (mêmes masculins) sont joués par des femmes, à leur tour habillées en hommes. Tout ceci est bien entendu le meilleur pitch de film du monde, avec celui de Sharknado.

Des références camp, il y en a ici à la pelle et elles sont souvent hilarantes, de Yentl aux Indigo Girls en passant par Divine. Mais Qui a peur de Vagina Wolf ne tourne pas uniquement autour de ce film-dans-le-film. A la fois autoportrait déformant et tendre de sa réalisatrice dans sa première partie puis romance contrariée dans sa deuxième, Qui a peur… pioche un peu partout (dans le soap-opéra, la comédie romantique, les comédies indé-névrosées) et mélange les registres, passant du parodique à l’émotion. Le résultat manque parfois de fluidité, le dénouement un peu convenu perdant notamment de la folie douce du début, mais Anna Margarita Albelo emporte la mise grâce à sa personnalité attachante et explosive, qui fait tout le sel de cette comédie.

par Gregory Coutaut

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