Quatre étoiles
France, 2006
De Christian Vincent
Scénario : Olivier Dazat, Christian Vincent
Avec : Jean-Paul Bonnaire, Isabelle Carré, François Cluzet, José Garcia, Mar Sodupe, Michel Vuillermoz
Photo : Hélène Louvart
Musique : André Manoukian
Durée : 1h40
Sortie : 03/05/2006
Franssou hérite de 50 000 euros, c’est à la fois beaucoup et pas assez. Plutôt que d’investir à long terme, elle décide de tout dilapider, au gré de son humeur, en s’octroyant quelques semaines de farniente à Cannes. Dans l’hôtel du Carlton, elle rencontre un certain monsieur Stéphane, beau parleur et maître-chanteur de ces lieux.
ESCROCS MAIS PAS TROP
Franssou et Stéphane se détestent cordialement, l’un flanque une gifle à l’autre, l’autre perfore les tympans de l’un. Sans atomes crochus, voués à la sérénade, aux clés de bras et aux règlements de compte par chéquiers interposés, les deux irrécupérables finissent – naturellement - par se laisser apprivoiser. Et tant qu’à faire, s’aimer. Dépité par l’accueil un peu flasque de ses précédents opus (dont la jolie tentative de réconciliation, Les Enfants), Christian Vincent redresse le menton et tord le cou à la neurasthénie. En parfait mufle et phraseur impénitent, José Garcia flatte, embobine et trottine d'un palace à l'autre avec un art consommé du spectacle. Femme fatale improvisée, un peu bêcheuse, un peu lutine, Isabelle Carré met à profit ses talents de gouailleuse intrépide. Le point fort de Quatre étoiles vient d'abord de son casting, juste équilibre entre un Tarzan macho et une longiligne Jane au cri strident. Familier des belles empoignades et des belles réparties cinglantes, Christian Vincent a poli le plus petit point virgule pour livrer une partition à la hauteur de ses protagonistes. Drôle et sarcastique, bien balancé, écrit sur mesure, Quatre étoiles fait les yeux doux aux héros revendiqués de Vincent: Lubitsch, Hitchcock ou Billy Wilder, sans retrouver hélas la même acuité. Le film n'est jamais aussi réussi que lorsqu'il se concentre sur sa grammaire comique, un verbe qui dérape, une expression qui claque. C'est aussi sa limite, l'intrigue patine en chemin et les vrais-faux escrocs accusent un léger coup de fatigue. Il faut attendre l'intrusion d'un inénarrable pilote de Formule 1 (l'excellent François Cluzet), quasi analphabète, pour voir repartir la petite machine à bons mots.