The Punk Singer

The Punk Singer
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Punk Singer (The)
États-Unis, 2014
De Sini Anderson
Durée : 1h21
Note FilmDeCulte : ****--
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Un documentaire sur l'activiste, musicienne et icône culturelle Kathleen Hanna, fondatrice du groupe punk Bikini Kill et pionnière du mouvement riot grrrl dans les années 90.

REBEL GIRL

L’absence de genre dans la langue anglaise ne permet pas de le deviner à la première lecture du titre, mais le « punk singer » en question est en réalité une femme. Et pas n’importe laquelle : Kathleen Hanna, membre/chanteuse/leader des groupes Bikini Kill puis Le Tigre, une actrice centrale de la scène riot grrrl américaine, aussi adorée que brutalement disparue de la scène publique. Le but de ce documentaire est double. D’abord brosser le portrait d’une artiste influente à travers ceux et celles qui l’admirent ou l’ont connue (Kim Gordon, Joan Jett ou encore Tavi Gevinson, qui n’avait pourtant que 9 ans au moment des dernières apparitions de Kathleen). Puis tenter de répondre aux troublantes questions qui sont sur bien des lèvres. Pourquoi avoir brutalement mis fin à une carrière à la popularité grandissante ? Pourquoi avoir choisi le silence quand on s’est fait connaître pour chanter plus haut et fort que les autres? Kathleen est-elle encore en vie et en activité ? Whatever happened to the punk singer ?

Outre son charisme et sa voix impressionnante, ce qui a ancré Hanna dans l’inconscient collectif rock, c’est de s’être trouvée au carrefour d’un mouvement rock féministe en pleine éclosion et du sommet de la vague punk de Seattle. Dans un premier temps, le film retrace son parcours selon une forme classique : retour sur ses lieux de vie, d’Olympia à New York, extraits de performances live et d’anciennes interviews, etc… Aussi convenue que paraisse la reconstitution de cette rise and fall story, cette première partie a pour mérite de remettre son sujet en perspective. Lors d’un de ses derniers concerts, Kurt Cobain (d’ailleurs un ami proche d’Hanna) déclarait prophétiquement que l’avenir du rock appartenait aux femmes. Au tout début des années 90, la porte n’était pourtant pas encore grande ouverte. La place des femmes dans le rock était encore particulièrement marginale, réservée à quelques figures aussi cultes que ponctuelles. Il fallait jouer des coudes, se prendre des baffes, et Hanna était peut-être la plus tête brulée d’entre toutes. Toujours prête à aller au charbon face aux concurrents ou aux journalistes sexistes, mais aussi toujours susceptible de quitter la première des groupes qu’elle avait pourtant fondée elle-même.

Juste avant de disparaître de la scène, Hanna continuait de crier ses chansons pour se faire entendre. Des riffs sauvages de Rebel Girl aux beats irrésistibles de Deceptacon, ses rugissement n’ont cessé de traduire une saine colère collective ainsi qu’une douleur intérieure. Quelle surprise non seulement de la retrouver en vrai dans la deuxième partie du film, mais surtout de la voir aussi silencieuse et accablée, comme blessée. Hanna y revient publiquement pour la première fois sur la découverte soudaine de la maladie qui l’a extrêmement affaiblie (la maladie de Lyme). Ce qui alors évite à l’ensemble de tourner au reportage voyeuriste, c’est bien l’émotion et la lucidité que met la chanteuse à parler de sa décision de se retirer. Ce qui fut loin d’être une mince affaire pour une artiste qui n’a eu de cesse de chercher à s’imposer dans un monde sexiste, à garder le contrôle de son art et ses décisions, de ne jamais plier ou se taire. Aujourd’hui Hanna chante et compose à nouveau avec parcimonie. Si « the singer » est encore convalescente, l’esprit rebelle est toujours là - punk is not dead.

par Gregory Coutaut

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