La Prochaine fois je viserai le cœur

La Prochaine fois je viserai le cœur
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Prochaine fois je viserai le cœur (La)
France, 2014
De Cédric Anger
Scénario : Cédric Anger
Avec : Guillaume Canet, Ana Girardot
Photo : Thomas Hardmeier
Musique : Grégoire Hetzel
Durée : 1h51
Sortie : 12/11/2014
Note FilmDeCulte : ****--
  • La Prochaine fois je viserai le cœur
  • La Prochaine fois je viserai le cœur

Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise se retrouvent plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque sévit prenant pour cibles des jeunes femmes. Après avoir tenté d’en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages. Il en réchappe d’autant plus facilement qu’il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade. Gendarme modèle, il est chargé d’enquêter sur ses propres crimes jusqu’à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappent.

PEUR SUR LA VILLE

De Cédric Anger, on connaissait le travail de scénariste notamment sur les films de Xavier Beauvois (Selon Mathieu et Le Petit lieutenant) ou sur le dernier Téchiné (< b>L’Homme qu’on aimait trop). Mais pour ce qui est de la réalisation on attendait encore un peu d’avoir le film de référence. Car on ne peut pas dire que ses deux premières mises en scène (Le Tueur et L’Avocat) aient laissé de souvenirs impérissables. Sauf qu’aujourd’hui, cet ancien critique des Cahiers du cinéma passe à la vitesse supérieure et nous livre un film assez étonnant. Étonnant d’abord parce que Guillaume Canet, plutôt à contre-emploi, nous livre peut-être la meilleure performance de sa carrière (un César à la clé ?), mais surtout parce qu’on assiste ici à un film comme on en voit peu. De la trempe de ces fictions qui vous poursuivent longtemps après les avoir vues (sûrement aussi parce que l’histoire dont le film est inspiré est un des faits divers les plus passionnants de ces 30 dernières années).

D’une sobriété remarquable et évitant tout sensationnalisme, La Prochaine fois je viserai le cœur nous dresse donc le portrait d’un homme malade plutôt que de se pencher sur l’enquête propre et choisit un angle d’attaque aussi captivant que déstabilisant. D’une finesse assez remarquable, Anger se focalise donc sur le gendarme tueur mais sans jamais juger ni moraliser et encore moins tomber dans la complaisance. Mais malgré cette subtilité et son apparence « calme », le film porte en lui une certaine rage qui complète totalement la duplicité du portrait de cet homme aussi mélancolique qu’agressif, aussi violent que timide, aussi frustré que socialement inapte et bloqué dans une spirale que très vite il ne contrôle plus. Bref on est très loin de l’image d’Epinal du serial killer. Si à cela on rajoute une photo qui transpire le poids d’une région plate, grise et pesante créant ainsi une ambiance glauque, on a tôt fait de se retrouver avec quelque chose de limite exemplaire. On ne pourra s’empêcher de penser que Anger sur-utilise sa musique pour appuyer ses images alors que certaines scènes auraient trouvé une plus grande justesse en se passant d’un certain habillage sonore, et que certaines sous-intrigues auraient pu être un poil plus fouillées. Mais en l’état, La Prochaine fois… reste un bel exemple de film assez maitrisé. Hasard du calendrier ou pas, avec la sortie imminente d’Alleluïa s’inspirant lui aussi de faits réels et de serial killers qui ont défrayé la chronique, l’approche des fêtes de noël se fera peut-être sous des cieux moins cléments que d’habitude. Mais pour une fois que cela arrive, ça serait dommage de s’en priver.

par Christophe Chenallet

Commentaires

Partenaires