Pris au piège
Devant un bar madrilène, un homme se fait abattre par un sniper caché dans un immeuble en face. Les clients se retrouvent alors pris au piège de cette menace invisible mais bien réelle. Ces otages parviendront-ils à cohabiter et s’organiser pour s’en sortir vivants ?
L’ANGE EXTERMINATEUR
Oubliée la sortie de route Mi Gran Noche ! Oublié aussi le sentiment d’abandon quand on a vu que notre Espagnol préféré se mettait en tête de réaliser un doc sur une gloire du foot (Messi). Avec ce Pris au piège, Álex de la Iglesia nous prouve qu’il est bel et bien de retour et il n’a pas perdu son mordant. Cruel, cynique, acide, hystérique, violent, grinçant mais surtout toujours drôle, lucide et fin observateur des comportements humains, le réalisateur de Balada triste, Le Jour de la bête et des Les Sorcières de Zugarramurdi retrouve ici toute la sève si chère à son cinéma et la distille à tour de bras dans ce jeu de massacre en huis-clos d’une rare maitrise. Car en jetant ces huit protagonistes en pâture à une paranoïa exacerbée avec un côté “10 petits nègres“, l’homme décortique les caractères, interroge ses héros sur leur nature profonde et fait ressurgir les plus bas instincts de chacun alors que les esprits s’échauffent, les théories fulminent et que la peur révèle la vraie nature des gens qu’ils soient braves, pleutres, fous, dominés ou dominants.
Avec la touche décapante qu’on lui connait, et pour laquelle on l’adore, Iglesia nous régale donc une nouvelle fois de sa recette faite d’humour noir, de grotesque et de violence cartoonesque, le tout dans un exercice formel tout en géométrie (qu’il s’agisse de la composition de ses cadres ou de la structure en 3 actes/3 décors du script) qui convoque autant Hitchcock que De Palma et qui pourrait en inspirer plus d’un. Bref le cinéma du maitre ibérique n’est pas mort, il est même dans une forme enthousiasmante et jubilatoire. La farce grotesque qu’il nous a composée, et dont lui seul a le secret, pousse les curseurs de l’humour ravageur dans le rouge et arrive à tenir la dragée haute à ses œuvres précédentes comme Mes chers voisins, Un Jour de chance ou Le Crime farpait. Il serait vraiment dommage de s’en priver ?