Printemps dans une petite ville
Xiao cheng zhi chun
Chine, République populaire de, 2004
De Tian Zhuangzhuang
Scénario : Cheng Ah
Avec : Jingfan Hu, Xiao Keng Ye, Bai Qing Xin, Leung Siu Lung, Jun Wu
Durée : 1h56
Sortie : 21/01/2004
Printemps 46 dans une petite ville chinoise. Le spectre de la guerre s’éloigne peu à peu. Sur ses ruines, le monde se rebâtit peu à peu. Yuwen, jeune et jolie jeune femme rangée, consacre son temps à son mari tuberculeux Dai Liyan et à sa fébrile petite sœur Dai Xiu. Arrive Zhang Zhichen, un vieil ami de Dai Liyan, devenu médecin, qui s’installe un temps dans la vieille pension de famille. Sa présence va, progressivement, changer bien des choses…
IN THE MOOD FOR LOST
Reprise d’un vieux maître par un nouveau vieux maître, Printemps dans une petite ville arrive sur nos écrans alors que l’on parle de renouveau du cinéma chinois. Une simultanéité surprenante à bien des égards. D’une part, Zhuangzhuang et ses cinquante-trois ans bien entamés, serait bien en mal de prétendre représenter la jeunesse chinoise. Ensuite, parce que le réalisateur du Cerf-volant bleu n’entend pas faire autre chose que perpétuer une tradition classique, sinon conventionnelle, d’appréhender le cinéma, quand ses contemporains s’emparent avec force créativité des outils de la modernité (DV, internet). Dans ces conditions, Printemps dans une petite ville, sa photographie inspirée et gracieuse, son romantisme guindé et sa lenteur assumée tombent un peu comme un cheveu sur la soupe bouillonnante de la nouvelle garde. Un peu comme si le cinéma de papa avait cohabité avec les jeunes Turcs godardiens. Sauf que cette survivance en appelle ici à un chant du cygne. Il y a du Théorème dans cette histoire de nouveau venu séducteur. Il y a du désespoir dans ces scènes d’ivresse forcée. Et il y aurait de la glace sous le lac qui porte les protagonistes à travers le brouillard qu’on ne serait qu’à peine surpris. De fait, la beauté spectrale et quasi iconique de Printemps dans une petite ville semble manquer de souffle pour s’exprimer dans sa plénitude. Aussi fragile et à l’étroit que le souffreteux Dai Liyan dans sa maison de famille, le film de Zhuangzhuang ne fait que frémir quand il devrait jaillir. Partagé entre un vague ennui et un apaisement cotonneux, l’on en vient à repenser aux éclats colorés et musicaux d’un Wong Kar-Waï. Avec envie.