Deauville Asia: Present For You
Lorsque les employés d’une entreprise véreuse, vantant les mérites d’une alimentation diététique, partent avec l’argent de la caisse, Kajiwara, un employé à temps partiel, se retrouve seul à devoir remettre l’entreprise à flot et à rendre des comptes au Boss, le président de la maison-mère. En un temps record, il parvient à faire rentrer dans les comptes de la société un demi-milliard de yen et à s’attirer les faveurs du Boss. Ce dernier le nomme alors président d’une autre entreprise, Present For You…
CADEAU EMPOISONNÉ
Animation ? Pas animation ? Present for you, un premier film japonais passé par Busan, est concrètement un peu des deux. Mélange de prise de vues réelles avec des acteurs (dont le vétéran Isao Natsuyagi, récemment vu chez Sono Sion et Kore-Eda, et disparu depuis) et de figurines animées. Chaque personnage se retrouve ainsi joué à la fois par un humain et une marionnette. Le film passe joyeusement de l’un à l’autre, parfois même à l’intérieur d’une même scène : une phrase est commencée par un acteur et continue en voix off sur des images animées (il ne s’agit pas à proprement parler de stop motion car les figurines en question ne bougent quasiment pas) pour revenir sur l’acteur… L’univers du film est volontiers cartoonesque, avec ses yakuzas sortis tout droit de Pulp Fiction avec leurs coupes afros et leurs costumes 70’s aux cols pelle à tarte, et avec cette musique permanente estampillée grindhouse (ambiance western, banda mexicaine). Des références qui rendent le clin d’œil particulièrement alourdi et étouffant. A force de vouloir recréer par de nombreux détails un univers cool et décalé, aussi proche du cinéma américain que japonais, Present For You oublie de respirer, de faire vivre ses personnages. Les prises de vues réelles témoignent de toute façon d’un monde déjà complètement artificiel, faits de cadrages décalés, d’éclairage violents et de décors toc. Le passage à l’animation devient donc à chaque fois redondant et superflu (et là encore hélas : étouffant). Le va et vient de l’un à l’autre ne semble obéir à aucune logique flagrante, et détourne finalement de l’intrigue plutôt que de lui donner du relief.